Fondée en 1538 sous le nom de La Plata, la ville fut choisie comme site de "l'Audiencia de Chacras" pour administrer le Haut Pérou en 1559. Après l'indépendance de l'Espagne en 1825, son nom fut changé pour Sucre en l'honneur de Jose de Sucre et le Haut Pérou devint la Bolivie pour honorer Simon Bolivar. Sucre a été la capitale de la Bolivie depuis.
J'ai logé à l'Hostal Chacras sur calle Ravello au centre-ville où j'avais une belle chambre avec salle de bain pour 5$ US.
L'église San Francisco, en face de l'hôtel Chacras sur la calle Ravelo, et ses arches par dessus la calle Arce, sont des points de repère caractéristiques de Sucre à un coin seulement de la Plaza 25 de Mayo.
Il y avait un bon nombre de spectateurs pour le défilé du carnaval en dépit des pluies sporadiques et du vent froid.
Des camions militaires avaient été mobilisés pour transporter certains ensembles allégoriques.
Le maire et quelques personnes choisies regardaient le défilé sous un dais en face de la Casa de Libertad où fut signée la déclaration de l'indépendance en 1828.
Lancer des ballons remplis d'eau et asperger les gens de mousse pendant la période du carnaval annuel est une excellente coutume pour la valeur thérapeutique d'exprimer une agressivité contrôlée pour soulager les frustrations et tensions accumulées. Tous peuvent être visés, même les participants du défilé et les officiels, comme vous pouvez le voir d'après l'eau sur la rue. J'ai eu ma part d'eau et de mousse comme tout le monde.
Ce groupe d'enfants dirigés par un amiral maniant le sabre et son bateau faisait un plaidoyer chargé d'émotion pour l'accès à la mer que la Bolivie a perdu aux mains du Chili dans la guerre du Pacifique de 1884.
La question de l'accès au Pacifique a été utilisé par de nombreux gouvernements Boliviens pour détourner la colère publique des injustices sociales et ça marche encore! ce petit bonhomme, entraîné à se faire un devoir de réclamer la mer de "Bolivie", sera probablement manipulé par les futurs gouvernements aussi facilement que le sont ses parents aujourd'hui.
Il ne s'agit que d'une accalmie. La foule sera bientôt de retour devant la "Prefectura" pour le défilé de nuit.
À côté de l'imposante Prefectura, s'élève la cathédrale du 17e siècle maintenant devenue un musée.
L'altitude de 2 790 m de Sucre était préférable pour moi que celle de Potosi à 4 070 m mais j'avais hâte de respirer encore mieux à Santa Cruz (437 m) après 15 heures d'autobus de nuit.
La moindre petite parcelle de terre dans ces montagnes est cultivée par le vigoureux peuple Quechua.
Voici un marché de village sous la pluie.
Le carnaval est pour tout le monde partout, même dans les villages de montagne reculés où le peuple Quechua parvient à maintenir ses croyances ancestrales en les intégrant subtilement dans le christianisme que les Espagnols leur a imposé.
voici une autre scène des festivités du carnaval dans un village de montagne.
Nous sommes arrivés à neuf heures du matin et j'ai pris un taxi pour l'hôtel Copacabana sur la calle Junin où j'ai eu une chambre confortable avec salle de bain et ventilateur de plafond pour 10$ US.
Avec une population de plus d'un million, Santa Cruz est la seconde plus grande ville en Bolivie après La Paz. Des gisements pétroliers et gaziers à proximité ainsi qu'une raffinerie contribuent à la prospérité de la ville.
La "Prefectura" fait face au côté sud de la Plaza 24 de Septiembre. Divers stands ont été montés pour vendre des globos, des pistolets à eau et des canettes de mousse spéciale aux carnavaleux.
En Bolivie, les joyeuses compétitions de danses et de costumes artistiques du carnaval cachent une agressivité sous-jacente qui s'exprime par le jet de "globos" qui remplacent symboliquement les roches que les gens aimeraient bien lancer aux voisins qui les ont irrités. C'est un bon moyen de se débarrasser des frustrations accumulées durant l'année. Les globos sont complétés par un extraordinaire assortiment de pistolets et fusils à eau. Certains comprennent même une réserve d'eau portée sur le dos. La mousse en canette qui ressemble à de la crème à barbe est aussi populaire. C'est plus cher mais ça se voit plus longtemps sur la victime que de l'eau ordinaire.
La cathédrale, à côté de la Prefectura, fait aussi face à la Plaza.
Le carnaval comme exutoire de frustrations n'est pas un jeu à Santa Cruz où le jet de globos et l'arrosage de mousse sont dépassés par l'utilisation d'encres dans des pistolets et fusils à l'eau. Le jeune homme, ci-dessous à gauche, montre à sa fille comment il est malin avec son pistolet à eau rempli d'encre! L'encre est beaucoup mieux que la mousse, ça tache les vêtements et la peau. Les frustrations dans cette grande ville doivent être bien pires que dans les petites villes de l'altiplano. Certains participants lancent même de la boue et de l'huile à moteur usée.
Des bandes des divers quartiers revêtent des combinaisons distinctives, comme celles que l'on voit ci-dessous, pour distinguer les amis des adversaires (et pour préserver leurs vêtements de tous les jours). Elles ne sont utilisées que durant les guerres d'encre du carnaval qui deviennent parfois incontrôlables. Des bandes adverses se sont tirées dessus en 2002 tuant et blessant des participants. Le carnaval de 2003 fut tranquille mais cette année, quelqu'un a tiré un coup de feu devant la cathédrale hier et la police a déclaré la Plaza hors limites. Cela n'a pas empêché la foule d'envahir les rues avoisinantes incluant la calle Junin où se trouve le Copacabana.
Dans d'autres pays, le carnaval n'est qu'une occasion joyeuse d'avoir un dernier party avant le carême, comme celui-ci dans mon hôtel.
Personne ne connaît avec certitude l'origine de la composante violente du carnaval en Bolivie mais un type que j'ai rencontré sur la Plaza m'a parlé d'une légende selon laquelle les chamans Tiwanaku pré-Incas construisaient chaque année une hutte autour d'un poteau que tout le monde pouvait injurier et battre à coups de bâton pendant trois jours avant qu'un feu cérémonial ne dissipe en fumée leurs mauvais sentiments, ne laissant derrière que des cendres froides et inoffensives. Ça me semble être une assez bonne thérapie collective!
Un des nombreux groupes ambulants a choisi de jouer juste à côté du Copacabana.
Le carnaval est bien amusant mais il n'élimine pas les inégalités extrêmes qui caractérisent l'Amérique latine et qui sont responsables des tensions et frustrations que l'on évacue ici. La dure réalité revient le mercredi des cendres. Les quelques privilégiés s'enrichissent encore plus alors que les pauvres restent sous-alimentés et meurent de maladies évitables. En Bolivie, 97 % des terres productives appartiennent à 20 % de la population tandis que l'autre 80% se partage ce qui reste.
La bande à l'extérieur était si bruyante que nous avons dû la rejoindre. Nous avons beaucoup ri, j'ai trop bu et on a fait la fête. Le lendemain, j'ai soigné mon mal de tête jusque dans la soirée et j'ai pris un autobus de nuit pour aller voir ce qu'a l'air le "Gran Chaco" du Paraguay.