Capitale: Conakry
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La Guinée a été dominée par l'Empire du Maliaux 13ième et 15ième siècles. Les descendants de ces dirigeants Malinké vivent toujours en Guinée. La côte a été occupée par des commerçants Portugais et Européens tandis que l'est du pays est tombé sous la domination du puissant Empire Songhaï jusqu'à ce que dernier tombe devant les forces Marocaines à la fin du 16ième siècle. Entre temps, les pasteurs Peul qui migraient vers la région à partir du nord depuis le 15ième siècle, consolidaient leur présence dans la région du Fouta Djalon où ils ont établi un État théocratique musulman au début du 18ième siècle, à partir duquel ils allaient, au siècle suivant, étendre leurs efforts de conversion jusqu'au Nigeria. Au 19ième siècle, le guerrier Malinké Samori Touré a établi son empire personnel qui s'étendait jusqu'au Ghana à l'est. Il a résisté à la pénétration française, mais il a été finalement vaincu et la Guinée devint une colonie française en 1891. Son arrière petit-fils Sekou Touré, un chef de syndicat Marxiste populaire s'est fait le champion de la cause de l'indépendance et est devenu le premier président du pays quand celle-ci a été accordée en 1958. Alors, la Guinée a coupé tous ses liens avec la France, s'est retirée de la Zone Franc et a adopté le modèle Chinois du communisme qui a été catastrophique pour l'économie. Plus d'un million de Guinéens, pour la plupart des Peul, ont fui le règne de terreur établi par Touré et ses protégés Malinkés. Le décès de Touré en 1984 a été l'occasion d'un coup d'état militaire mené par le Général Lansana Conté de la tribu Sousou. Il a libéré les prisonniers politiques, promis une plus société plus ouverte et prudemment fait évoluer le pays vers une économie de marché. Il a cependant conservé une ferme emprise sur les rênes du pouvoir jusqu'à ce qu'il accepte à contrecœur de tenir les premières élections présidentielles multipartites et battu son principal adversaire Alpha Conde en janvier 1994. Il a survécu à une tentative de coup d'État en 1996 et s'est préparé pour les élections de 1999 qui ont eu lieu quelques jours avant mon arrivée à Conakry. Des émeutes et des affrontements avec la police ont causé un incendie qui a complètement détruit le marché central quelques jours avant les élections et la situation était encore tendue quand je suis arrivé. Les résultats des élections n'avaient pas encore été annoncés et Alpha Conde avait été arrêté alors qu'il essayait de quitter le pays. |
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Sur le vol venant de la Gambie j'ai rencontré une fonctionnaire de la coopération Néerlandaise qui avait été évacuée de Freetown avec tous les autres travailleurs expatriés des ONG, après que la ville eut été encerclée par les rebelles. Elle m'a informé que l'aéroport avait été fermé et qu'on s'attendait à la chute de la ville à tout moment. Venant juste de rater la visite de la Guinée Bissau à cause de la guerre civile qui s'y déroulait, j'étais naturellement contrarié d'être maintenu hors du Sierra Leone par de semblables événements.
J'étais attendu à l'aéroport par le chauffeur de Talal Abou Khalil, Lanfia qui m'a conduit en ville. Il était visiblement consterné quand je lui ai demandé de s'arrêter pour que je prenne cette photo de la Grande Mosquée de Conakry. Ce n'est que plus tard que j'ai compris qu'il y avait une phobie de la prise de photos en Guinée.
La pension de Doherty était assez chère à 20 dollars US pour une modeste chambre avec ventilateur et douche, mais la gérante Princess et sa fille Dona étaient accueillantes et intéressantes.
Les guerres civiles de Guinée Bissau et du Sierra Leone ne sont ni une ni l'autre motivées par des conflits idéologiques. Toutes deux sont nées de l'avidité pour les bénéfices de la corruption associée au pouvoir. En Guinée Bissau, un général accusé de vendre des armes sur le marché noir s'est rebellé contre le gouvernement. Au Sierra Leone la lutte pour le pouvoir semble être en rapport avec la concurrence tribale entre les Temnés du nord et le Mendés du sud, mais le véritable enjeu est le contrôle des mines de diamants et d'or qui sont une source de grandes richesses pour les privilégiés au pouvoir tant qu'ils le qui détiennent.
Ici nous prenons un pot au "Papillon" avec Talal à droite, son ami Suisse Oswald Loosli et sa femme Joyce (le Consul Canadien à Conakry) et leur amie guinéenne dont j'ai oublié le nom.
J'avais passé les formalités du service d'immigration à l'aéroport avec une lettre d'invitation signée par le chef de la police que mon ami Talal m'avait transmise par courriel mais j'avais dû laisser mon passeport que j'étais censé récupérer dûment visé le jour suivant. L'affaire s'est révélée ne pas être aussi simple car je n'ai eu mon passeport que trois jours plus tard et seulement après avoir payé 50 dollars US de frais de visa et deux fois 5 dollars de pots-de-vin. Ça aurait été plus simple si j'avais payé les pots-de-vin dès mon arrivée...
Joyce et Oswald Loosli à la réception du nouvel an organisée pour nous par Talal au "Papillon". Oswald m'a généreusement invité à rester dans son hôtel "Le Stop" pendant que je visiterais Abidjan.
La corruption fait partie de la vie dans beaucoup de pays où les salaires payés aux fonctionnaires sont insuffisants pour nourrir une famille. J'avais eu connaissance de la corruption en Amérique du Sud et en Asie Centrale mais nulle part ne l'avais-je vue aussi répandue et ouvertement pratiquée qu'en Afrique de l'Ouest.
Un des griots en train de jouer une sérénade à Talal.
J'ai failli être arrêté pour avoir essayé de prendre une photo du marché de Conakry. J'ai pu m'en tirer sans prendre la photo mais la femme policier qui avait menacé de m'arrêter m'a dit que je pouvais obtenir une autorisation en payant le commissaire du quartier...
Maintenant c'est à mon tour d'avoir une sérénade.
La corruption est courante, non seulement ici en Guinée, mais à des degrés divers, partout en Afrique de l'Ouest. La plus fréquente manifestation de cette curieuse tradition culturelle est l'ubiquité des barrages dressés par les policiers qui prélèvent de petites sommes à tous les passants. Chaque prélèvement est faible mais trois ou quatre de ces pirates de la route sur une courte distance peuvent faire la différence entre le profit et la perte pour le pauvre chauffeur qui essaye de gagner son pain avec son taxi-brousse.
Les danseurs de feu guinéens ont présenté un spectacle fort animé.
A la frontière entre la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso, le chauffeur du minibus a refusé de payer les 1000 CFA demandés par un policier des frontières. Il était autour 11 heures du matin. Le policier corrompu ne voulait pas nous laisser passer et nous a dit qu'il nous faudrait attendre la fin de son service a trois heures de l'après-midi pour négocier avec son remplaçant. Ensuite, il est venu me voir pour me dire qu'il pourrait arranger mon transport, moyennant quelques frais, si j'étais pressé. J'ai commencé à prendre des notes et je lui ai dit que la pause m'arrangeait parce que j'écrivais un livre sur les traditions et les coutumes Africaines et que j'étais très intéressé par cette coutume de payer pour traverser une frontière. Après que j'eus lourdement joué d'ironie, il nous a laissé partir quand je lui ai demandé son nom pour mon livre!
En regardant ce spectacle, je pensais à la veille du nouvel an à Montréal sous la glace.
Je ne plaisantais pas quand j'ai dit que la corruption faisait partie de la tradition culturelle de certains peuples. C'est comme ça dans beaucoup d'endroits. Il en a toujours été ainsi en Chine, mais il semble que le gouvernement chinois s'est aperçu du danger que la corruption représente. De temps en temps ils attrapent une douzaine d'officiels corrompus et médiatisent leur exécution comme exemple pour les autres.
L'excellent spectacle a retenu notre attention jusqu'à la dernière scène qui comprenait ces audacieuses acrobaties sur échasses.
Les trois jours que j'ai perdus à courir dans trois ou quatre bureaux et les deux pots-de-vin que j'ai payés pour récupérer mon passeport pourraient expliquer ma critique de la corruption, mais j'ai des raisons plus importantes de m'y opposer depuis que mon voyage de 1997 m'a fait découvrir le rôle de la corruption dans la dislocation de l'Empire Soviétique.
Ayant changé mon billet pour Freetown pour un vol direct à Monrovia, j'ai fait mes adieux à mes amis et suis parti pour le Libéria.