Capitale: Addis-Abeba
Langues: Amharique, Tingrinya, Orominya, Anglais, Arabe |
Dix siècles avant Jésus Christ, l'est de Éthiopie d'aujourd'hui, de Érythrée et du Yémen faisait partie du royaume biblique de Saba dont la capitale Ma'rib était au Yémen. Les Éthiopiens de langue Amhariqueaiment faire remonter l'origine de la dynastie de Hailé Selassié jusqu'à Ménélik I, fils de la Reine de Saba qui a gouverné de 982 à 957 avant Jésus Christ. Au 3ieme siècle avant Jésus Christ le pouvoir est passé au royaume d'Axoum en Éthiopie qui a prospéré et s'est étendu au Soudan et au Yémen. Au 4ième siècle de notre ère, la Rome chrétienne avait conquis Égypte et la Syrie et son influence avait entraîné la conversion du royaume d'Axoum, qui plus tard a adopté l'hérésie Monophysite. La langue Amharique a évolué en utilisant l'écriture Ge'ez qui a été remplacée aujourd'hui par l'alphabet romain, sauf pour la liturgie Copte. Éthiopie vient d'émerger d'une atroce guerre civile de 30 ans qui commencé quand Hailé Selassié a annexé Érythrée en 1962. Ce qui était d'abord une lutte de libération de Érythrée est devenu une guerre civile entre les conservateurs et les Marxistes, quand le parti communiste Derg, dirigé par Mengistu Hailé Mariam, a pris le pouvoir en 1974. La situation est devenue encore plus compliquée suite à l'invasion par la Somalie du désert de l'Ogaden dans l'est de Éthiopie, et aux guerres inter tribales déchaînées dans une atmosphère de chaos général. Lorsque l'URSS a retiré son appui en 1990, le parti Derg s'est effondré, Mengistu s'est enfui du pays en 1991 et le pouvoir est passé aux mains d'une coalition de rebelles dirigée par le chef Tigréen Meles Zenawi qui a orchestré l'indépendance de Érythrée en 1993 et qui fut confirmé comme Premier Ministre de Éthiopie en 1995. Maintenant, le pire est passé mais les blessures de la guerre civile ne sont pas encore guéries et Éthiopie reste l'un des pays les plus pauvres du monde. De plus, le gouvernement en grande partie Tigréen fait face à la résistance des Amharas qui détenaient traditionnellement le pouvoir, des tribus Omoro du sud, des tribus de l'Ogaden à l'est et des activistes armés musulmans, soutenus par le Soudan dans les zones frontalières contiguës à ce pays. |
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Lonely Planet CIA et |
Les formalités à la frontière entre Djibouti et Éthiopie à Galafi se sont bien passées et nous sommes montés sur un camion bâché pour les 20 kilomètres qui nous séparaient de Desiocho sur la grande route d'Assab à Addis-Abeba Desiocho n'est qu'un carrefour où s'arrêtent des camions. Mektum nous a présentés au "gestionnaire du trafic" qui a trouvé un camion allant vers l'est à Assab pour Steve et Tam et un autre allant au sud-ouest à Addis pour moi.
Le voyage de 400 kilomètres jusqu'à Addis m'a coûté 1 $ US pour le "gestionnaire du trafic" et seulement 7 $ US pour le chauffeur du camion, Mulugeta Gizaw. Nous avons voyagé dans un convoi de trois camions qui transportaient des containers scellés entre le port, maintenant Erythréen, d'Assab sur la Mer Rouge et Addis-Abeba Il est intéressant noter que les trois chauffeurs jouissaient d'un statut nettement élevé que celui des trois aides qui étaient traités comme de minables domestiques. Ah! la lutte des classes!
Un des camions avait un ressort cassé qui devait être remplacé, si bien que notre départ de Galafi a été retardé jusqu'à 5:00 de l'après midi. Mulugeta nous a expliqué que nous étions en territoire Afar et que les Afars étaient des bandits qui tiraient quelquefois sur les camions la nuit pour piller leurs chargements. Les terres que nous traversions étaient tellement arides que je me demandais comment des êtres humains pouvaient y survivre. Pourtant, il y avait une hutte ça et là et nous avons vu plusieurs Afars solitaires marchant le long de la route avec une Kalachnikov en bandoulière et un sabre traditionnel sur le dos.
Il faisait déjà sombre quand nous nous sommes arrêtés dans un petit patelin appelé Sammara. Nous aurions pu aller plus loin car il n'était que 8 heures du soir, mais les chauffeurs se sentaient pas en sécurité pour conduire la nuit dans cette région. Nous nous sommes donc arrêtés à un restaurant au bord de la route, pour le dîner et quelques bières. C’est là que j'ai pris cette photo. Ensuite, j'ai alors dormi dans la cabine du camion pendant que Mulugeta et son aide ont dormi sur le toit du container.
Voici les chauffeurs de camion Mulugeta Gizaw et Giday Gereslase. Mulugeta était de la tribu Amarra et Giday était Tigray. Ils blaguaient souvent sur les conflits traditionnels entre leurs tribus mais ils étaient néanmoins de bons amis. Le troisième chauffeur était un homme plus âgé qui était renfermé sur lui même.
Le lendemain nous avons démarré à 5 heures 30. Nous nous sommes arrêtés pour le petit déjeuner à "X Mille" et à midi à Gewane pour un casse croûte végétarien où j'ai dû cajoler ces enfants méfiants enfants Afars pour qu'ils me laissent les photographier. C'était un vendredi et mes amis éthiopiens amis étaient malheureux d'être obligés de s'abstenir de manger de la viande, qui est interdite les mercredis et les vendredis dans la religion abyssinienne.
Ce voyage devenait de plus en plus fascinant. Mulugeta m'a raconté comment il a vécu pendant le régime communiste de Mengistu et comment les tribus Tigray, qui avaient dirigé les forces rebelles qui ont chassé le dictateur du pouvoir en 1991, avaient été responsables de la séparation de leur patrie Érythrée, de Éthiopie en 1993.
J'ai pris cette photo d'un rassemblement religieux en cours de route près de Gewane. Mulugeta pensait qu'il pouvait s'agir d'un mariage mais il n'en était pas sûr.
Le mont Fantale près d'Awash.
L'assistant de Mulugeta ne comprenait pas l'anglais. Il est donc resté silencieux pendant notre conversation mais il nous interrompait de temps en temps pour nous montrer où regarder pour voir quelque animal qu'il venait de repérer dans le paysage désolé. Il était fier de nous montrer la remarquable acuité de sa vision qui compensait son analphabétisme et son bas statut d'assistant.
Le réservoir d'Awash est un lac artificiel qui permet l'irrigation de la vallée d'Awash et la production d'électricité pour Addis-Abeba, à 100 kilomètres d'ici.
Mulugeta Gizaw et son aide en train d'acheter du charbon de bois au marché noir. Le commerce du charbon de bois a été interdit parce que déforestation menace de désertifier plusieurs régions sèches du pays. Mulugeta est d'accord avec l'objectif qui de protéger l'environnement fragile, mais le profit est tellement plus important que l'amende qu'il risque d'encourir qu'il introduit du charbon de bois en contrebande à Addis à chaque fois qu'il le peut.
Ces huttes tribales Amhara près de Nazret sont à peine moins primitives que celles des Afars que les Amharas considèrent comme des sauvages.
Voici une vue d'un rassemblement politique local, prise sur notre trajet près de Nazret. Les divers partis politiques se rallient autour d'une couleur symbolique, ici le vert, ce qui simplifie les choses dans un pays où 46% de la population ne peut ni lire ou ni écrire.
Nous avons passé la nuit à Nazret de la même manière qu'à Sammara après un dîner sans viande et quelques bières. Le lendemain matin était un samedi et mes amis étaient impatients de goûter de nouveau à la viande. Nous sommes donc tous allés chez le boucher du coin pour acheter du bœuf fraîchement abattu, à 5 heures du matin. Ils ont choisi du foie, des reins et de l'estomac et nous sont allés dans une pièce attenante pour être servis sur-le-champ.
Je me suis dit que c'était étrange de faire préparer tant de viande pour le petit déjeuner et je ne m'attendais pas qu'elle soit servie crue. Dans ces circonstances il était impossible d'éviter de partager cet heureux repas avec mes nouveaux amis. J'ai donc fait le saut et j'y ai goutté. J'ai trouvé l'estomac cru quelque peu caoutchouteux et le goût des rognons était un peu fort mais j'ai été agréablement surpris de découvrir que le foie cru et sanguinolent était délicieux. Depuis lors j'aime bien goûter à un peu de foie cru à chaque fois que j'en fais cuire.
Quand Mulugeta m'a déposé à l'hôtel "Buffet de la Gare" près de la gare des trains, j'étais contrarié de le voir partir car je m'étais attaché à lui.
Juste devant la gare, se trouve l'artère principale Addis-Abeba, l'Avenue Churchill. Je suis allé en reconnaissance...
Non loin, sur l'Avenue Churchill Avenue, ce monument communiste, un héritage du régime de Mengistu, se trouve devant l'hôpital "Black Lion".
Après m'être bien repéré, j'ai appelé mon neveu Marc Lachance qui vit ici depuis plusieurs années.
Marc m'a emmené voir la danse des épaules éthiopienne, unique en son genre, dans une boite de nuit à la mode, le Karamara.
Marc était venu ici pour enseigner dans le lycée International Addis-Abeba réservé aux enfants de la communauté d'expatriés. Jongleur amateur il a enseigné son passe temps aux enfants de son école et ensuite aux enfants de la rue éthiopiens près de chez lui.
Marc s’était découvert une vocation, les enfants de la rue ont accouru à lui et il est devenu un maître de cirque sans l'avoir voulu. Il a appelé sa troupe Circus Ethiopia, donné des représentations dans tout le pays et mis en place cinq autres cirques dans d'autres villes éthiopiennes. Finalement il a du s'arrêter d'enseigner pour gérer le cirque à plein temps.
Quand je suis passé, il organisait un spectacle en plein air pour une association locale dans un parc voisin. Les enfants sont venus en masses et étaient fascinés par Circus Ethiopia. Tout comme leurs parents.
Ces enfants de la rue éthiopiens ont découvert qu'ils avaient un don naturel pour l'acrobatie et ils ont adoré ça.
La réputation et la renommée de Circus Ethiopia grandissant, et il a reçu de l'aide et des dons d'organisations internationales d'aide. Le fameux "Cirque du Soleil" de Montréal lui a régulièrement donné des costumes et de l'équipement en surplus. J'ai choisi les photos qui suivent pour montrer ce que ces enfants pouvaient faire.
Le cirque va en tournées dans des villages éloignés. Il livre non seulement un divertissement aux Éthiopiens mais aussi un répertoire de sketches à contenu social sur l'hygiène, les droits de la femme, la tolérance raciale ainsi de suite.
Je suis très fier de mon neveu Marc Lachance qu'on voit ici saluant la foule à la fin de la représentation.
C'est une vraie réussite, le Circus Ethiopia s'est maintenant produit en Europe et a son propre site web vous pouvez visiter à: Circus Ethiopia.
La ville Addis-Abeba est bien intéressante, elle a quelques bons hôtels, un musée décent (derrière cet réplique d'une maison traditionnelle) et une assez grande université.
Voici la bibliothèque de l'Université Addis-Abeba
Il y a une forte présence policière dans certaines parties de la ville qui sont donc tout à fait sécuritaires mais certains autres quartiers ne le sont pas du tout, ce qui est tout à fait normal pour une ville de trois millions d'habitants dans un pays pauvre. La place du marché, près de la station des autobus de longue distance, doit être évitée et la prudence est recommandée partout. J'ai été négligeant et je me suis fait faire la poche par une bande dans un coin très animé, près de la rue Wavell et l'Avenue Churchill.
Après une semaine passée à Addis j'ai continué vers le sud en autobus à Shashemane, où j'ai passé une nuit à l'Hôtel Zaraideres pour 10 Birr (1.62 $ US). J'ai dîné sur cette pittoresque terrasse sur le bord de la route avec Abebe Tegemu, un professeur d'école de 24 ans qui enseignait à 87 enfants pour 280 Birr par mois (45 $ US).
Voici une vraie hutte traditionnelle près de Finchawa, à peu près à mi chemin entre Sashemane et Moyale sur la frontière avec le Kenya, au sud.
Mon étape suivante a été ici, à Yabelo, à peu près à 200 kilomètres de la frontière. Je me suis logé à l'Hôtel Menem pour seulement 8 Birr (i.30 $US). J'y ai rencontré les cinq professeurs de lycée qu'on voit ici, Berehanu Muhammad ( géographie), Mulugeta Balcher (biologie), Mulualem Damita (chimie) et Samuel Bekela (Anglais), ainsi que Neway Mariam (histoire) qui a pris la photo.
Ils étaient tout aussi curieux sur Canada que je l'étais sur Éthiopie et nous avons donc bien discuté sur une variété des sujets. Après avoir pris beaucoup de bière, ils ont librement parlé des conflits entre les tribus locales et décrit les coutumes étranges de certaines tribus guerrières les plus primitives. Mulugeta m'a raconté comment un élève de 15 ans de sa classe avait été mutilé par un membre d'une tribu où les jeunes guerriers qui veulent se marier doivent encore apporter un pénis humain aux aînés du village pour prouver leur adresse guerrière. Ils étaient aussi choqués que moi, mais cela faisait vivement ressortir l'énorme responsabilité que les éducateurs comme eux ont de faire avancer les tribus les plus arriérées jusqu'au 20ième siècle. De quoi alimenter la réflexion...