Capitale: Djibouti
Langues: Français et Arabe (officielles), Afar, Issa, Somali |
Djibouti est un désert en friche où des tribus nomades Afar et Issa élèvent des chèvres et des moutons sur la rare végétation. Ils parlent deux langues de souche Kush différentes mais voisines. Les Afars occupaient traditionnellement la dépression du Denakil qui s'étend du nord de Djibouti à l'Éthiopie alors que le territoire des Issas, situé plus au sud, s'étend jusqu'en Somalie. Les Français ont obtenu des Sultans Afars d'Obock et de Tadjoura (rive nord de la baie) la permission de s'établir dans cette zone en 1862 pour défendre leurs intérêts, suivant ainsi les Anglais qui avaient occupé le sud du Yémen de l'autre côté du détroit de Bab Mandab en 1839 (protectorat d'Aden). Ils ont ensuite construit Djibouti sur la rive sud de la baie, en territoire Issa. Djibouti a aussi une importance stratégique car c'est le seul accès de Éthiopie à la mer, par un chemin de fer construit par les Français en 1888. Djibouti a été dirigé par un président Issa, Hassan Gouled Aptidon, depuis son indépendance en 1977, malgré une forte opposition Afar qui s'est transformée en rébellion armée en 1991. Un cessez-le feu a été conclu en 1994 mais la paix reste fragile. |
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Lonely Planet CIA |
Djibouti n'est pas loin de San'a. Je suis arrivé ici dans l'après-midi, j'ai trouvé une chambre à l'Hôtel Dar es Salaam où j'ai rencontré trois autres voyageurs avec qui je suis allé dîner au centre de la ville, de l'autre côté de la Place Mahmoud Harbi qu'on voit ici.
Dîner avec Steve, Michel et Tamzen dans la rue Bir Hakeim. Il est fréquent de rencontrer d'autres aventureux comme ceux-ci. Michel Louis avec le T-shirt bleu est un retraité de Grenoble en France, (j'ai oublié sa profession et mais peu importe), qui est en train de découvrir le monde comme moi. Il était sur le chemin de retour au bercail après un voyage de deux mois en Éthiopie, en Érythrée et au Yémen. Steve est un californien en train de faire le tour du monde en deux ans avec la britannique Tamzen. Nous avions des intérêts semblables donc nous sommes entendus admirablement. J'espère qu'ils verront cette page un jour!
Traversée par un boutre surchargé, de Djibouti sur la rive sud, à Tadjoura sur la rive nord de la baie.
J'ai trouvé Djibouti sale, primitive et très chère. Djibouti est indépendant mais les Français maintiennent toujours plusieurs milliers de militaires qui font vivre le quartier de prostitués, très actif sur la rue Bir Hakeim rue. Ce qui entre par le port est essentiellement destiné à Éthiopie car Djibouti n'est pas très développé. Cinquante-quatre pour cent de la population est analphabète et seulement 23% des enfants de 12 à 17 ans vont à l'école.
Le Palais Présidentiel est très surveillé et il est difficile de s'en approcher.
J'ai trouvé Djibouti intéressant, car c’est un parfait exemple d'un pays artificiel créé par un pouvoir européen pour des objectifs stratégiques, sans égards aux réalités démographiques du territoire utilisé, en entretenant les rivalités entre les Issas et les Afars.
Voici des huttes Afares dans le désert.
J'avais d'abord l'intention de prendre le train pour Addis Abeba mais j'ai décidé de me joindre à Steve et Tam, qui allaient à Assab au bord de la Mer Rouge, et d'entrer en Éthiopie par la route, à la frontière terrestre de Galafi. Il n'y pas de transport régulier pour aller à Galafi, mais des mini vans vont jusqu'à Yoboki, quand il y a assez de passagers. Nous sommes allés à la "cité Arhiba" (un quartier pauvre comme Soweto) tôt le matin pour chercher un minibus. Nous avons attendu, négocié, changé d'un véhicule à un autre et encore attendu jusqu'à près de 2 heures de l'après midi quand tout est finalement entré dans l'ordre. Dix neufs d'entre nous avons pu quitter, entassés dans un minibus de 12 places. J'ai eu la chance d'avoir une place à coté de la fenêtre pour respirer un peu d'air frais dans la chaleur étouffante.
Nous sommes arrivés au village de Yoboki vers 7 heures du soir dans le minibus blanc et rouge avec les bidons de plastique vides sur le porte-bagages. Oui, il y avait 19 d'entre nous dans ce mini, y compris le conducteur et son aide. Yoboki est un très petit coin, vous pouvez en voir plus de la moitié sur cette photo. La place avec la façade bleue est le restaurant local qui sert d'hôtel (les gens dorment à même le sol en terre battue et sur les tables du restaurant). C'était rustique, mais je dois dire que le dîner de ragoût de viande de chèvre était excellent.
Les enfants de Yoboki sont très vite venus nous examiner quand la rumeur de l'arrivée de trois occidentaux s'est propagée. Ils étaient curieux mais réservés. Certains étaient un peu effrayés et sur la défensive.
Je leur ai parlé en Français. Le petit avec la chemise rouge m'a demandé tout de go: "Êtes-vous l'ennemi?" Je lui ai dit que j'étais un ami et je lui ai demandé qui était l'ennemi. "Les Issas sont les ennemis, ils veulent prendre notre territoire", a dit le garçon qui ne pouvait pas avoir plus de 10 ans! Il n'est pas étonnant que les conflits tribaux soient difficiles à résoudre, ils sont transmis de génération en génération avec le lait maternel!
Les enfants m’ont finalement fait confiance et m'ont emmené à coté, pour voir une caravane de chameaux chargeant de la marchandise de contrebande de l'Inde vers Éthiopie C'était vraiment bizarre, les marchandises, pour la plupart des tissus bons marchés, voyagent du port de Djibouti à Yoboki par camion, puis elles sont transportées à dos de chameau à Desiocho en Éthiopie d'où elles sont de nouveau chargées sur des camions pour aller à Addis Abeba.
Steve, Tam et moi avons réussi à dormir pas trop mal. Nous avions notre coin particulier dans cette grande pièce où une douzaine d'autres personnes ont aussi dormi. Petit déjeuner de sandwichs de tomates dans le "Yoboki Palace", hôtel à cinq étoiles.
Après le déjeuner nous avons pris un autre mini pour les 40 km qui nous séparaient de Galafi à la frontière avec Éthiopie Ce lac de sel était à peu près à mi-chemin. Je me suis assis près de Mektum Mellas, le propriétaire des marchandises qui traversaient la frontière par caravane. Il m'a expliqué que tout le monde était au courant de la contrebande et qu'il avait payé les gardes frontière mais qu'il devait utiliser les chameaux pour traverser la frontière parce que le passage de camions à Galafi aurait été trop visible!