Capitale: Chisinau
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Les racines latines de la Moldavie remontent à l'occupation romaine de la Dacie qui a conduit à la formation du peuple roumain. La Moldavie était une zone de passage pour les Huns, les Ostrogoths, les Slaves, les Bulgares, les Avars, les Magyars, les Petchenègues et les Mongols qui l'ont tous dominée à leur époque. Une première principauté indépendante fondée par le prince Bogdan au milieu du 14e siècle, s'étendait des Carpates à l'ouest jusqu'à la rivière Nistru à l'est et de la Mer Noire jusqu'à la Bukovine au nord. La Bogdanie devint plus tard la Moldavie à cause de la rivière Moldova en Roumanie.
En 1792 l'Empire ottoman céda toutes ses possessions situées à l'est de la rivière Nistru à l'Empire russe. Après la guerre russo-turque de 1806-12, le territoire compris entre les rivières Nistru et Prut (nommé Bessarabie d'après le roi valache Basarab I), fut annexé par l'Empire russe. Après le retour de la Bessarabie à la Moldavie en 1856, la Moldavie et la Valachie furent réunies pour former le royaume de Roumanie en 1861. En 1878 la Russie annexa à nouveau la Bessarabie qui fit partie de l'Empire russe jusqu'en 1917. En mars 1918 la législature de la Bessarabie vota en faveur de l'unification avec la Roumanie, et cette union fut reconnue par les pouvoirs occidentaux à la conférence de paix de Paris en 1920. En 1924 une République moldave soviétique socialiste autonome (RSSA) fut fondée sur le côté est du Dniestr qui formait alors la frontière de la Roumanie. En 1939 la Bessarabie fut concédée à l'URSS par le pacte entre Molotov et Ribbentrop divisant l'Europe de l'est. Les forces soviétiques occupèrent la région en 1940 et une RSS moldave fut proclamée. L'ancienne RSSA fut abolie, la région de la Trans-Dniestr (Transnistrie) fut transférée à la nouvelle république et le reste retourna à l'Ukraine. La Roumanie se joignit à l'Axe durant la seconde guerre mondiale et occupa la RSS moldave de 1941 jusqu'à 1944 lorsque les forces soviétiques reprirent le territoire. La Moldavie fut intégrée à l'URSS et fut soumise à une intense "russification" jusqu'à l'effondrement du communisme en 1991, lorsqu'une république moldave indépendante fut fondée. La Moldavie se joignit à la Communauté des États Indépendants (CEI) la même année et devint membre des Nations-Unies en 1992. Lorsqu'une loi fut votée en 1989 faisant du Roumain la langue officielle, des mouvements séparatistes apparurent en Transnistrie où les Russes et les Ukrainiens formaient la majorité et au sud où résidaient les Gagauz chrétiens de langue turque. En 1991 le nom du pays fut changé pour celui de "République de Moldavie", le "Suprême soviétique" devint le "Parlement moldave" et la Moldavie déclara son indépendance de l'Union soviétique. Les Slaves de la Transnistrie proclamèrent une "République moldave du Dnestr" indépendante avec sa capitale située à Tiraspol. La guerre éclata entre les forces volontaires moldaves et les rebelles transnistriens appuyés par la 14e armée russe. Naturellement les rebelles l'emportèrent et un cessez-le-feu fut négocié avec d'importantes concessions faites en faveur de l'influence russe en Transnistrie. En 1994 une nouvelle constitution accorda une autonomie substantielle à la Transnistrie et à la Gagauzie et la Russie accepta de retirer ses troupes mais les tensions restaient élevées et les forces russes n'avaient pas quitté lorsque j'ai tenté d'obtenir un visa à Odessa en 1997. Le tourisme n'était pas encouragé à cette époque. Je n'avais pas obtenu de visa à ce moment-là alors je me devais de réessayer. Je n'ai eu aucune difficulté à en obtenir un à Bucarest cette année et j'ai donc pris le train de nuit pour Chisinau. J'admets que je ressentais un peu d'appréhension car ma recherche préparatoire indiquait un taux de criminalité élevé à Chisinau.
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J'ai de nouveau eu un coup de chance, celle de partager un compartiment dans le train avec Victor Trifon, un Roumain qui parlait le Moldave et qui retournait chez lui après un voyage d'affaires à Bucarest.
Il m'a appris beaucoup de choses. Lorsque je lui ai dit à quel hôtel je prévoyais loger, il m'a dit d'éviter cet endroit parce qu'il était fréquenté par des types louches de la Mafia. Cela confirmait que mon appréhension au sujet de ma sécurité personnelle était bien fondée.
Nous avons bavardé au sujet de la période difficiles que traversait la Moldavie, de mes voyages et de son service militaire en Tchétchénie avec l'armée russe. Lorsque je me suis endormi, j'étais totalement convaincu de la chance que j'avais d'être venu au monde dans un endroit paisible comme le Canada! Le lendemain matin, comme nous approchions de Chisinau, Victor m'invita à demeurer avec lui, sa femme et sa fille et j'ai accepté avec plaisir.
Il y a très peu de vieux édifices à Chisinau parce que la
plupart d'entre eux ont été détruits durant la seconde guerre
mondiale. Voici le Bulevardul Moskva situé dans une nouvelle banlieue où
habite Victor.
On trouve cette architecture soviétique typique dans toute la Russie et son ex-empire. Ces grands édifices comportent un nombre étonnant de petits appartements d'une ou deux chambres à coucher. Celui-ci a plus de cinq étages donc il doit y avoir des ascenseurs.
Voici Victor en face de son bloc-appartements. Il avait seulement cinq étages donc, pas d'ascenseurs.
Victor, sa femme Angelica et sa fille Caty. Ils étaient très fiers
d'être propriétaires de leur appartement pour lequel ils avaient travaillé
si fort. Il y avait une salle de séjour où j'ai dormi, une chambre,
une très petite cuisine avec un balcon minuscule, une salle de bain de grandeur
minimale et une toilette séparée. Comme d'habitude, c'était chauffé
par la vapeur provenant d'une centrale thermique régionale et la tuyauterie
était soudée au lieu d'être vissée comme dans le reste
du monde.
Le centre de Chisinau a dû être reconstruit après la seconde guerre mondiale. Ce gros édifice sur Bulevardul Stefan cel Mare est le Palais présidentiel.
La moderne salle d'opéra et de ballet est tout près sur la même rue.
Ces sculptures en face de la salle d'opéra et de ballet furent inspirées par des motifs daces trouvés dans d'anciens sites archéologiques. Les Moldaves sont aussi fiers de leurs racines latines que le sont les Roumains.
De l'autre côté de la rue face à la salle d'opéra et de ballet se trouve un grand parc nommé d'après le héros national Stefan cel Mare (Stéphane le Grand), qui a brillamment repoussé les invasions turques, polonaises et tatares au 15e siècle.
Un peu plus loin sur le même côté se trouve l'Hôtel du Gouvernement moldave.
Directement en face se trouve le parc de la cathédrale avec sa "Catedrala Nasterea Domnului" orthodoxe (Cathédrale de la Nativité du Christ) et un "Arcul de Triumf" construit en 1841 pour commémorer la victoire des Russes sur les Turcs.
Ci-dessous, des photos de la cathédrale et de l'arche.
Encore un peu plus loin on arrive à la "Sala cu Orga" (Salle de l'orgue), une salle de concert.
En allant maintenant au Bulevardul Renasterii, on arrive à l'inévitable cirque de style russe dont aucune ville ex-soviétique pourrait se passer.
Chisinau, comme la plupart des villes soviétiques, avait une excellente infrastructure sportive publique. Maintenant que tout est en voie d'être privatisé, Victor et ses associés louent de l'espace dans ce complexe sportif universitaire pour un de leurs deux gymnases d'entraînement.
La vie a été difficile dans les 15 pays ex-soviétiques depuis l'effondrement de l'URSS.
La transition du communisme au capitalisme a été brutale. Il n'y avait pas de filet de sécurité pour ceux qui avaient perdu leur emploi et pour ceux dont les pensions fixes ne valaient subitement plus rien avec la montée vertigineuse de l'inflation. L'idéologie avait changé mais l'exercice du pouvoir était resté en grande partie entre les mains des mêmes politiciens et bureaucrates corrompus dont la première préoccupation était la sauvegarde de leurs privilèges.
L'abolition soudaine des contrôles du marché a exposé les industries gouvernementales inefficaces à une compétition qu'elles ne pouvaient pas soutenir ce qui a causé des fermetures des pertes d'emplois généralisées. La privatisation d'urgence de ce qui survivait a fourni des occasions en or de corruption à grande échelle. La distinction entre les activités légitimes et illégales est devenue floue. La mafia s'est développée alors que la corruption et la coercition devenaient partie de la façon de faire des affaires. Hors de ce chaos, est subitement apparue dans tous les anciens pays soviétiques une nouvelle classe d'élites super riches glorifiés dans les médias occidentaux comme "hommes d'affaires couronnés de succès". Encore aujourd'hui, la corruption largement répandue et le très réel pouvoir de la mafia sont les obstacles majeurs aux investissements étrangers et au développement économique dans l'ex empire soviétique.
En Moldavie, les conflits continuels avec la Transnistrie et la Gagauzie ont eu une priorité plus élevée pour le gouvernement moldave que la réduction de la corruption, le contrôle des mafias et l'établissement de la loi et l'ordre publics. En 2002, la Moldavie a obtenu un résultat de seulement 2,1 sur 10 pour l'Indice des perceptions de corruption publié par Transparence internationale. Cela la place en 93e position sur les 102 pays étudiés. Il est difficile d'imaginer le climat d'insécurité auquel s'adaptent les gens dans de telles circonstances.
Les policiers sont à la fois inefficaces et corrompus alors ceux qui peuvent
se le permettre embauchent des gardes du corps et paient des compagnies privées
de sécurité pour les protéger ainsi que leurs biens. Victor m'a
expliqué que le seul autre moyen d'éviter de payer de la "protection"
à un des groupes mafieux était de former son propre groupe de défense
assez fort pour commander le respect. Victor a fait appel à des amis avec lesquels
il avait établi de solides liens de confiance dans l'armée pour gérer
des gymnases d'entraînement et vendre des suppléments alimentaires pour
le culturisme à Chisinau. Je n'ai pas posé trop de questions mais c'était
évident que plusieurs de ses clients étaient des gardes du corps et
des fiers-à-bras de la mafia.