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Ce n'est pas déjà la Crête, c'est le port d'Emborios sur la petite île d'Halki où le traversier a fait un arrêt pour déposer et prendre quelques passagers.
Un peu plus tard nous sommes arrêtés dans le port de Diafani sur l'île de Karpathos.
Et aussi à Pigdalia située plus au sud sur Karpathos.
Finalement le traversier accosta à Agios Nicolaeos en Crête où j'ai pris un autobus pour Iraklion, la capitale de la Crête. J'ai trouvé une auberge nommée "Rent rooms Hellas" où j'avais une couchette dans un dortoir de sept lits pour le prix bien raisonnable de 10$ américains si on considère que c'était la haute saison à la fin de mai.
Ici l'on voit la forteresse vénitienne Koules qui protège l'entrée du port d'Iraklion.
Les premiers hommes arrivèrent en Crête aux environs de 5000 av.J.-C. et se développèrent lentement jusqu'à l'émergence de la culture minoenne autour de 2800 av.J.-C.. Les Minoens construisirent de grands palais (Knossos, Phaestos et Malia) et inventèrent un des premiers alphabets syllabiques, le linéaire A. Leur civilisation était déjà bien avancée lorsque leurs palais furent détruits en 1628 av.J.-C. par la gigantesque explosion volcanique de l'île voisine de Thera (Santorini). Le grand palais de Knossos fut cependant reconstruit et la civilisation minoenne progressa jusqu'à ce qu'elle subisse une nouvelle destruction aux environs de 1450 av.J.-C.
La Crête tomba ensuite sous l'influence des Mycéniens jusqu'à leur décadence aux environs de 1300 av.J.-C. L'alphabet linéaire B fut développé à cette époque. Les cités-états crétoises furent dominées par les belliqueux doriens aux environs de 1100 av.J.-C. Elles stagnèrent pendant l'âge d'or d'Athènes et ses guerres contre Sparte qui laissèrent la porte ouverte pour Philippe et Alexandre le Grand. La Crête fit ensuite partie des empires romain et byzantin. Des pirates arabes sarrasins y basèrent leurs opérations de 824 jusqu'à 961 lorsque Byzance la reprit. Après avoir pillé Constantinople en 1204, les Croisés la vendirent à Venise qui la fortifia contre les Turcs ottomans qui la conquirent éventuellement en 1670. Finalement, elle devint un protectorat britannique en 1898 avant d'être réunie à la Grèce indépendante en 1913.
La forteresse qui apparaît sur la photo précédente ainsi que les autres fortifications que l'on peut voir de nos jours furent construites durant l'occupation vénitienne, principalement au 16e siècle, pour défendre la ville, alors nommée Candia, contre la menace croissante d'invasion turque.
Voici la porte St-Georges près du Musée archéologique sur Plateia Eleftherias.
Lorsque les Turcs finirent par envahir l'île, ils saisirent rapidement les forts vénitiens de Hania et Rethimno mais ils mirent 21 ans pour triompher des formidables défenses de Candia en 1669.
Les Vénitiens laissèrent cet arsenal où ils appareillaient leurs bateaux près du port.
On peut dire que la Plateia Venizelou, agrémentée de la fontaine Morosini que l'on voit ici, est le centre de la scène touristique et de la vie nocturne à Iraklion.
Tout le monde était prêt à servir la horde de touristes, quelques fois avec un sourire. Ces gyros étaient les plus gros que j'avais jamais vus. Ça méritait une photo!
L'église St-Tite sur la rue 25 Avgoustou qui descend au vieux port.
Iraklion est la principale porte d'entrée de la Crête mais il n'y a pas grand-chose à y voir excepté le Musée Archéologique sur Plateia Eleftherias.
Vous ne pouvez cependant pas manques de visiter ce qui reste du fameux palais de Knossos à seulement 5 kms d'ici.
Les cultes à la fertilité impliquant des personnages féminins étaient courants de la Turquie jusqu'à Malte aux environs de 3000 av.J.-C. mais le culte à la déesse-serpent montrée ci-dessous à gauche, était spécifique aux premiers temps de la civilisation minoenne.
Quant au culte minoen envers le bœuf, selon la légende, Pasiphae, la femme du roi Minos, se laissa féconder par un b÷uf et donna naissance à un monstre appelé le Minotaure, au corps d'homme et à la tête de taureau. Minos fit construire un labyrinthe pour enfermer le Minotaure parce que ce dernier mangeait de la chair humaine au lieu de manger de l'herbe comme les bœufs ordinaires. En sautant quelques détails, Thésée fut envoyé à Knossos parmi les jeunes gens offerts en sacrifice au Minotaure par Athènes comme tribut imposé par Minos. Ariane, la fille du roi, devint amoureuse de lui et lui remit la pelote de fil qui lui permit de trouver son chemin hors du labyrinthe après avoir tué le Minotaure. Thésée et les autres jeunes gens s'enfuirent avec Ariane mais ils se quittèrent à Naxos où elle épousa Dionysos.
Ci-dessous à droite, la réplique d'une fresque nommée "Le prêtre-roi" montre une abondance de détails qui n'existent pas sur l'original conservé au musée d'Iraklion. Les lis entourant le roi et les détails de sa coiffure sont très beaux mais ils ne sont que le produit de l'imagination du restaurateur. En d'autres mots, ils sont factices comme la majorité de ce qui est exposé ici.
Ce plan vous donne une idée de la taille du grand palais de Knossos.
Malheureusement, il a été restauré de façon si extensive qu'une grande partie de ce que nous voyons a été créé par l'archéologue britannique Arthur Evans qui a passé 53 ans de sa vie à laisser aller son imagination après avoir découvert les ruines en 1900.
Le nettoyage, la restauration et même parfois un peu de reconstruction sont nécessaires pour rendre les sites archéologiques accessibles et intéressants au grand public. Je pense que c'est bien acceptable en autant que tel rehaussement utilise les mêmes matériaux et respecte l'authenticité de l'original.
Au delà d'une certaine limite cependant, une reconstruction excessive équivaut carrément à la destruction de l'original.
Le palais de Knossos est un cas de ce genre. Tout le monde sait que les colonnes et poutres de béton armé que l'on voit sur la photo précédente n'existaient pas en 1500 av.J-C. Pas plus que la poutre et la dalle de béton armé du toit du propylée sud que l'on voit ici.
Il eut été préférable pour nous tous que monsieur Evans construise un nouveau palais de Knossos qui réponde à ses rêves à quelques kilomètres plus loin. Cela lui aurait probablement coûté moins cher et n'aurait pas irrémédiablement détruit l'original.
Même ces dépôts creusés dans le sol ont été "améliorés" en coulant des margelles de béton au dessus le leurs divisions en maçonnerie.
Les touristes font joyeusement la file pour visiter la chambre du trône ou plutôt l'interprétation de l'image qu'Evans s'était faite d'une chambre du trône durant la dernière période mycénienne du palais.
Ils auraient tout aussi bien pu aller à Disneyland pour voir cet intérieur reconstruit!
Voici une photo du coin nord-ouest de la "maison des douanes" telle que vue à partir du secteur de la chambre du trône. Evans l'a nommée "maison des douanes" parce que c'était la première grande salle où entraient les visiteurs en arrivant du port.
La façade ouest de ce qu'on appelle la "maison des douanes" est un des éléments les plus photographiés du palais.
La structure manifestement moderne érigée par dessus une fosse en contrebas avait été nommée région "lustrale" nord et on lui avait attribué la fonction de bassin sacré servant aux rites de purification. Avec un tout petit effort d'imagination supplémentaire, Evans aurait pu nous donner le nom de l'oncle du dernier grand prêtre à diriger le rite sacré ici.
Je suis parti avec l'impression d'avoir été abusé par trop de béton armé!
Ma déception à l'égard ce qui a été fait des ruines du palais de Knossos ne diminue en rien mon intérêt et mon admiration devant les brillantes réalisations des Minoens.
Voici un exemple de linéaire A sur un disque trouvé à Phaestos et conservé au Musée d'Iraklion. Le message n'a pas encore été déchiffré de façon définitive. Divers interprètes prétendent qu'il s'agit d'une priere, d'un mauvais sort, d'un théorème géométrique ou d'un appel aux armes.
