Il a fallu 23 longues et dures heures de bus sur de mauvaises routes pour arriver ici depuis Kunming. J'ai partagé une couchette d'autobus avec un vieux monsieur plutôt corpulent et franchement, ce n'était pas confortable. J'ai fait une longue promenade pour me détendre et il a vite fait sombre, je me suis donc couché tôt à l’Hôtel Jingyang où j'ai eu une belle chambre pour seulement 3.70$ US.
Jinghong s'est avéré être plus moderne que je ne m'y attendais. Le nouveau pont que vous pouvez apercevoir dans cette photo était impressionnant pour une petite ville.
Il y avait très peu de touristes quand j'y étais en décembre mais il était évident que l'industrie du tourisme était très développée. Voici l’Hôtel Xishuangbanna de classe moyenne, plus cher que le Jingyang, mais pas aussi luxueux que le Banna Mansions Hotel.
Mon guide, vieux d'un an, mentionnait Jinghong comme étant une ville somnolente. Les choses changent rapidement en Chine ces jours-ci et Jinghong s'était réveillée. Partout où je suis allé j'ai vu la manifestation de l’entrepreneuriat et de nouvelles entreprises, souvent entre les mains de femmes. Sandra, la jeune fille ci-dessous à droite, était une ex serveuse; maintenant elle s'en sort très bien avec le cybercafé "Forest" qu'elle a ouvert pour satisfaire les besoins d'un flux croissant de touristes.
Les vieux temples comme ce Temple Manting dans la banlieue sud étaient encore là, mais la plupart étaient vides, mis à part les touristes comme moi.
Gasa est un village Dai à seulement 20 minutes d'autobus de Jinghong. J'ai dû marcher longtemps à travers des quartiers récemment construits ennuyeux avant d'arriver à ce qui reste du village ancien.
Ces dames ont répondu positivement à ma question "Dai tsu, Dai tsu?", j'ai donc pris leur photo comme le premier exemple des gens de nationalité Dai, bien qu'elles ne portaient pas leurs costumes traditionnels.
Cette vieille maison de bois construite sur pilotis, bien protegée du soleil brûlant et de la pluie par ses larges toits, est typique de l'architecture traditionnelle Dai. Je la trouve fort belle, aussi usée qu'elle soit d'avoir été habitée.
Dans la soirée, après avoir visité Gasa, je me suis fait donner un massage relaxant dans ma chambre pour moins de 10 dollars. Le lendemain j'ai pris ce mini van pour aller à Mengyang, à environ 20 miles de Jinghong où j'ai pris un second minibus qui m'a amené au village de Jinuo, du nom des Jinuos qui y habitent.
Ceci vous donnera une idée de l'environnement physique où vivent les montagnards.
Les maisons Jinuo sont aussi construites sur pilotis mais elles ne sont pas aussi élaborées que les maisons Dai. Les Dai contrôlent généralement toutes les meilleures terres agricoles au fond de la vallée, laissant les versants raides et les sommets aux nationalités moins favorisées comme les Jinuos. Les Jinuos ne se débrouillent pas trop mal car qu'ils cultivent un thé de haute qualité, appelé thé Pu'er.
Cette dame, utilisant seulement le language des signes, m'a dirigé vers une autre maison plus haut sur la colline où il y avait une adolescente qui parlait un peu l'anglais.
La maison de la famille She Che était aussi construite sur pilotis, mais le rez-de-chaussée était habité.
La jeune fille n'était pas là quand je suis arrivé mais j'ai été, néanmoins, chaleureusement accueilli.
Ici, la mère de la jeune fille et la grand-mère regardent une brochure qu'elles m'ont montrée sur le peuple Jinuo dont la population est de moins de 20 000 personnes.
Quand j'ai vu cette cuisine noircie par la suie, je me suis demandé combien des générations ont été servies par cet ancien fourneau de briques.
Alors, la jeune fille est arrivée et nous avons pu échanger plus que des sourires. Elles étaient surprises, et je le pense, secrètement contentes, de voir combien j'étais intéressé par leur culture particulière. Tant et si bien que la grand-mère a mis son costume traditionnel pour moi. Le mari est arrivé et a mis son veston traditionnel Jinuo. Bien entendu j’étais enchanté comme vous pouvez le voir ci-dessous.
Voici de la salle de séjour d'en bas. J'ai pu voir que les chambres à coucher étaient au dessus.
La rencontre de cette famille a été une belle expérience mais c'était aussi triste de penser que l’identité et la culture spécifique Jinuo ne survivront probablement pas pendant beaucoup d'autres générations car ils ne sont que 20 mille.
Le 21ième siècle ouvre l'ère des communications mondiales qui auront inévitablement un puissant effet d’homogénéisation sur les langues. Les linguistes s'accordent généralement pour prédire que la moitié des 6000 langues distinctes encore parlées aujourd'hui, auront disparu avant 50 ans! Il y a de fortes chances que la langue Jinuo sera l'une d'elles. L'extinction d'une culture est une perte aussi grande que celle d'une espèce, ne pensez-vous pas?
Après le village Jinuo, je suis retourné à Mengyang et j'ai loué un taxi pour m'amener à un village Hani voisin. Voici la cour d'une famille Hani relativement prospère. J'ai encore eu de la chance, car le fils étudiait l'anglais et était content de pouvoir le pratiquer.
Les Hanis, quelque fois aussi appelés Akha, parlent une langue Tibeto-Birmane, comme les Jinuo, mais ils sont cent fois plus nombreux. Il y a donc moins de danger que leur culture disparaisse.
J'ai été impressionné de voir comment un métier si primitif pouvait produire une broderie aussi compliquée et aussi uniforme.
C'était vraiment de la broderie et non du tissage car ses doigts volants maniaient des fils d'une demi-douzaine de couleurs différentes pour la trame.
Le fils qui parlait l'anglais est sorti dire quelques mots et prendre la photo qui suit, mais il est vite retourné dans la maison pour ne pas perdre trop du programme de TV qu'il regardait.
Cela avait été une belle journée pour moi car j'avais pu rencontrer et avoir des échanges, quoique limités, avec deux familles différentes dont la culture, les valeurs et les traditions étaient si différentes des miennes. Nous n'avons pas échangé beaucoup de mots ou d’idées à cause de la barrière de la langue, mais nous avons échangé des sentiments chaleureux de curiosité mutuelle, de respect et de bons souhaits.