Capitale: Colombo
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Le Sri Lanka, pays d'origine du thé
de Ceylan et terre natale de Arthur C. Clarke, est aussi le lieu d'origine
du bouddhisme Theravada, qui est un bouddhisme du genre "sauve ta
propre peau" et nommé aussi hinayana ou petit véhicule
par opposition au mahayana ou grand véhicule lequel, pour atteindre
le nirvana, préconise la stratégie "un pour tous et
tous pour un".
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Lonely Planet CIA |
L'ancien et le nouveau. A l'avant-plan, Cargill's, un vestige de l'empire britannique (l'intérieur est comme un véritable musée avec ses armoires d'exposition en bois et fioritures à l'avenant); et à l'arrière-plan, les tours jumelles de la finance internationale juste à côté du palais présidentiel!
Personnellement, Colombo ne m'a pas impressionné outre mesure. J'ai visité le Musée national (dont l'attrait premier est le vieux bâtiment qui l'abrite), et j'ai marché autour du lac Beira où je suis tombé sur ce beau temple bouddhiste situé sur une île, mais c'est à peu près tout. Cherchant à résoudre le problème d'atteindre les villes anciennes au nord, j'ai découvert que louer une voiture avec chauffeur était la meilleure solution, même pour un voyageur à petit budget, et c'est donc ce que j'ai fait.
Anuradhapura est la plus vieille et la plus grande des villes anciennes. Elle est aussi la plus au nord et donc la plus rapprochée des régions habitées par les Tamouls qu'il vaut mieux éviter actuellement en raison de la guerre civile qui s'y déroule. Le conflit entre les Cinghalais et les Tamouls a des racines qui remontent très loin dans l'histoire du Sri Lanka. Anuradhapura était déjà la capitale des rois cinghalais depuis un siècle lorsque ceux-ci se sont convertis au bouddhisme au IIIe siècle avant notre ère. Située au nord et dispersée sur une vaste étendue, cette ville était vulnérable aux invasions par les dynasties du sud de l'Inde (les ancêtres des Tamouls hindous importés comme main-d'œuvre bon marché par les Britanniques), et elle a subi plusieurs occupations. Au Xe siècle, la capitale fut déménagée à 80 km au sud-est, soit à Polonnaruwa, plus dense et mieux fortifiée. Le Mirisavatiya Dagoba, que l'on voit ici, fut construit il y a plus de 2 000 ans par le roi Dutugemunu après qu'il eût reconquis la ville d'un envahisseur du sud de l'Inde.
L'autorité suprême que détenait le roi sur la gestion de l'eau était aussi cruciale que sa responsabilité militaire, car la croissance et la prospérité des communautés dépendaient étroitement de l'irrigation efficace de ces régions arides du nord. Les grands rois furent donc d'importants constructeurs de canaux d'irrigation et de réservoirs d'eau de toutes tailles. Les deux bassins admirablement réalisés que l'on voit ici furent construits au premier siècle pour les moines attachés à la dagoba Adhayagiri.
Lorsque la capitale fut déménagée à Polonnaruwa au Xe siècle, Anuradhapura connut un lent déclin et, quand les Britanniques atteignirent l'intérieur de l'île au XIXe siècle, la jungle avait envahi une grande partie de la ville. Le dagoba Jetavanarama, que l'on voit ici, fut construit au IIIe siècle avant notre ère et est maintenant en voie de rénovation, comme l'ont été la plupart des importantes structures de l'ancienne ville. Le dagoba, appelé stupa au Népal, chorten au Tibet, pagode à Myanmar, et chedi ailleurs, est un symbole fondamental du cosmos bouddhiste. Il est généralement solide et peut parfois contenir des reliques, mais on ne peut le considérer comme une tombe. C'est un lieu saint servant de point de concentration de la méditation et du culte.
Voici tout ce qu'il reste du magnifique palais construit au XIIe siècle par Parakramabahu, le plus grand des rois cinghalais qui ont régné ici. La capitale demeura à Polonnaruwa pendant environ trois siècles jusqu'à ce que les persistantes invasions des Indiens du sud la déplacent, au XIIIe siècle, à Dambadenia, à environ 110 km au sud-est d'ici et, plus tard, à Panduvasnavara, tout près.
Ces ruines sont celles de la salle d'audience du roi Parakramabaku, sise à côté du palais royal à l'intérieur des fortifications de Polonnaruwa. Elles sont remarquables pour la frise montrant des éléphants en diverses positions et pour les deux lions au sommet de l'escalier.
Au nord, non loin du palais royal, se trouvent plusieurs intéressants bâtiments de nature religieuse, dont notamment ce "vatadage" (maison de reliques circulaire). Quatre escaliers précédés de grandes pierres sculptées en forme de demi-lunes mènent à un dagoba entouré de quatre bouddhas assis.
A environ deux km plus au nord, ce dagoba, relativement petit mais non moins beau, nommé Kiri Vihara, a gardé son revêtement de chaux original malgré sept siècles d'abandon.
Un peu plus au nord du Kiri Vihara, un grand affleurement rocheux a pris une dimension religieuse grâce à la sculpture d'un groupe de bouddhas, appelé Gal Vihara. Cette figure de 14 mètres représente le bouddha entrant dans le nirvana. Haut de sept mètres, le bouddha debout, à l'arrière-plan, est unique en raison des ses bras croisés, une posture inhabituelle.
Enfin, voici le troisième grand bouddha de Gal Vihara, dans la très classique posture de méditation assise. Polonnaruwa offre environ 50 sites intéressants. C'est dommage de n'en montrer que six, mais il vaut mieux ne pas trop s'attarder avant que certains en aient soupé des ruines bouddhistes.
Au Ve siècle, Kasyapa, roi d'Anuradhapura, craignant une attaque de son demi-frère dont il avait usurpé le trône, se fit construire un château fort somptueux et imprenable occupant les 4 acres du sommet de ce spectaculaire piton rocheux. Après sa mort, Sigiria devint un monastère, mais il fut plus tard abandonné et n'était plus que ruines lorsqu'il fut redécouvert par des archéologues britanniques.
Ce petit site, à 50 km au nord de Kandy, fut le dernier arrêt de ma visite de trois jours des villes anciennes. L'association d'un traditionnel vihara bouddhiste solide, à droite, à un temple creux aux murs épais d'inspiration hindouiste (appelé gedige), à gauche, lui confère un intérêt particulier.
En 1505, les Portuguais ont débarqué au Sri Lanka et ont eu tôt fait de conquérir le royaume tamoul de Jaffna, au nord, ainsi que le royaume cinghalais de Kotte, dans le sud-ouest (près de Colombo). Mais ils furent incapables de subjuguer le royaume cinghalais de Kandy dans les montagnes centrales. Un siècle et demi plus tard, les Hollandais ont remplacé les Portuguais mais n'ont pu dominer Kandy, qui ne tomba qu'en 1815 sous l'invasion britannique. Le jardin botanique que l'on voit ici était déjà un jardin royal avant l'invasion des Britanniques, il y a près de deux siècles...
Vieux de 300 ans, le Temple de la Dent (Dalada Maligawa) sur la photo abrite la plus importante relique du Sri Lanka. On dit que la dent sacrée de Bouddha a été rescapée de son bûcher funéraire en 543 avant notre ère, amenée au Sri Lanka 100 ans plus tard, puis transportée d'un endroit à l'autre avant d'aboutir à Kandy. Avant d'entrer, vous devez enlever vos chaussures et les laisser dans le hangar, que l'on voit ici à côté de l'entrée.
Vous ne verrez pas la dent, évidemment, mais si vous êtes prêt à vous faufiler à travers la foule de fidèles et de touristes à 6 heures ou à 10 heures du matin ou à 7 heures le soir, vous parviendrez peut-être à jeter un coup d'œil sur le dernier d'une série de coffres en or de plus en plus petits contenant la relique sacrée. Entre-temps, il y a moins d'affluence dans le temple et les cercueils de relique style matriochka sont gardés dans une chambre spéciale du temple intérieur au toit d'or, un étage au-dessus de l'entrée grillagée que l'on voit ici.
Le temple est ouvert 24 heures par jour et offre des salles de prières, des étalages de lampes à l'huile et des lieux saints comme celui-ci pour occuper les fidèles entre les heures de visite du cercueil de la dent. On y trouve même un éléphant empaillé!
Kandy est non seulement un endroit intéressant, mais son lac, ses jardins botaniques, le parc du Palais royal et le sanctuaire Udawattakelle en font un lieu très beau. Le toit en or de l'autre côté du lac est l'endroit où la dent est conservée.
Il n'y a pas que des fidèles et des touristes à Kandy, mais aussi du vrai monde, comme en témoigne cette scène de rue commerciale.
Je suis resté quelques jours à Kandy, puis j'ai pris un très ancien train qui m'a mené en un trajet de six heures à travers la région montagneuse au petit village de Ella, presque à mi-chemin entre Kandy et la côte sud.
Les paysages de jungle, de gorges, de rivières, de chutes et de plantations de thé accrochées aux pentes abruptes m'ont gardé le nez collé à la vitre pendant tout le trajet. Il ne faisait pas beau mais le spectacle était saisissant quand même. Je na suis resté qu'une nuit à Ella. Le lendemain c'était dimanche, comme il n'y avait pas d'autobus en direction sud, j'ai fait de l'auto-stop et rencontré Diane, une voyageuse sac au dos de la région de Montréal, qui faisait également du stop vers Tissamaharamama en vue, tout comme moi, d'un safari dans le parc Yala!
Il nous a suffi de deux étapes pour atteindre Tissa où nous avons rencontré une famille de Français qui voulaient voir, eux aussi, les éléphants du parc Yala. Nous sommes partis le lendemain matin à 5 heures et j'ai pris cette photo du soleil levant un peu plus tard.
Notre chauffeur a pris cette photo de Martine, Patrick, Amélie, Diane et moi devant notre véhicule de safari dans le parc Yala. Nous avons vu beaucoup d'animaux: éléphants, gazelles, phacochères, loutres, singes et un grand varan de près de deux mètres. Ce fut une belle journée couronnée par un festin au poisson à l'hôtel.
Jeune éléphant attendant que nous ayons passé avant de traverser la route.
Nous, attendant qu'une famille d'éléphants ait fini de traverser la route. Le bébé éléphanteau était vraiment mignon et, n'eût de la mère, j'aurais aimé débarquer pour le flatter.
Un éléphant mâle occupé à brouter les arbres le long de la route nous bloquait le passage. Nous avons regardé et attendu...
Le lendemain matin nous avons pris l'autobus pour Matara. Comme vous pouvez le voir, l'autobus était quelque peu bondé, et nous sommes restés debout avec les 50 autres, tandis que les 30 chanceux premiers venus ont fait le trajet de trois heures bien assis.
Nous nous sommes quittés à Matara, Diane est partie à Polhena pour une semaine de farniente sur la plage et moi, je suis resté pour visiter le marché, le temple et le fort hollandais avant de partir à la recherche d'une boutique de plongée.
Je suis arrêté à Unawatuna mais, comme la boutique de plongée était fermée, j'ai poussé jusqu'à Galle que j'ai trouvée très belle et intéressante. La vieille Galle (prononcer Gol), est un port fortifié totalement enclos de murailles, construit par les Portuguais au XVIe siècle. Il me rappelle El Jadida, également construit par les Portuguais sur la côte Atlantique du Maroc, ainsi que le port de Saint-Malo, en Bretagne, d'où les Français sont partis au XVIe siècle à la découverte du pays qui est maintenant le Québec.
Construite par les Portuguais, reprise par les Hollandais au XVIIe siècle et par les Britanniques au XIXe, Galle est finalement gouvernée par les Cinghalais, mais elle a gardé l'allure ancienne léguée par ses maîtres d'autrefois.
Voici l'auberge familiale à côté de la digue ouest où j'ai eu une chambre avec baignoire pour 7$US, petit déjeuner compris.
Galle est maintenant presque complètement bouddhiste, mais elle a déjà eu une population catholique aux XVIe et XVIIe siècles, comme en témoigne cette église portugaise transformée en un temple bouddhiste avec dagoba à côté. Puis vinrent les Hollandais qui construisirent une Groote Kerk protestante, que les Britanniques utilisèrent lorsqu'ils prirent le pouvoir et qui sert encore aujourd'hui. Une belle mosquée sur la muraille sud complète l'image de tolérance qui caractérise la religion bouddhiste.
J'ai finalement trouvé une boutique de plongée à mon goût ici, à Hikkaduwa, à quelques 15 km de Galle. Ce village est une enfilade de trois kilomètres d'hôtels, boutiques et restaurants le long d'une plage de sable doré, à 100 km au sud de Colombo. L'endroit doit être trépidant au plus fort de la saison touristique (décembre, janvier, février), mais à la mi-mars, c'était parfait: pas trop de monde et toutes les boutiques étaient encore ouvertes.
Il y avait trois ou quatre centres de plongée en ville, grands et chers dans les meilleurs hôtels et d'autres très petits et sans services. J'ai choisi la Station de Plongée Poséidon, le prix était attirant (15$US/plongée seulement), l'atmosphère était sympathique et ils avaient de confortables unités de motel à 7$US.
Je suis resté ici quelques jours à faire de la plongée avec une bande sympathique de jeunes du Peace Corps, en congé de leur affectation près de Colombo. J'ai aussi rencontré un intéressant marin danois à la retraite qui, à 67 ans et après avoir bourlingué autour du monde, a choisi de passer ses hivers ici pour le climat, l'hospitalité des gens et la vie bon marché.
Cet éléphant traversait le village au moment où je partais pour Colombo et, de là, vers les Maldives. Quand j'ai demandé ce qu'il se passait, on m'a dit de ne pas m'en faire, que ce gros type rentrait tout simplement à la maison après sa journée de travail à la scierie!