Capitale: Wellington
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La Nouvelle-Zélande, le pays des Maoris, des montagnes, des moutons et, bien sûr, des "Kiwis", ces 3,5 millions de gens qui ne sont ni Anglais ni Australiens. Il me fut impossible de visiter l'Australie sans voir la Nouvelle-Zélande, tout comme je n'ai pu bourlinguer dans cette partie du monde sans aller faire une saucette dans les îles du Pacifique sud! J'y ai donc passé un mois fort agréable. |
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Lonely Planet CIA |
Auckland, le centre de gravité économique de l'Île du Nord (vue depuis Devonport de l'autre côté de la baie), ressemble beaucoup à n'importe quelle ville canadienne de même taille. Je n'y ai donc pas éprouvé de choc culturel comme dans les îles exotiques du Pacifique mais il y avait quand même des différences plus subtiles qui valaient la peine d'être explorées. J'ai eu la chance d'être invité à dîner chez les parents d'un randonneur que j'avais rencontré au Kenya en 1995, ce qui fut pour moi une excellente porte d'entrée dans l'univers des Kiwis.
Le tourisme de routards est très répandu et fort bien organisé en Nouvelle-Zélande, il y a des auberges de jeunesse partout et elles sont fréquentées non seulement par des touristes mais aussi par les Kiwis qui adorent explorer leur île. Il existe au moins une vingtaine d'auberges pour randonneurs à Auckland et dans les environs. Pour 11US$ par nuit, j'ai logé dans l'immense Auckland Central Backpackers, un immeuble de six étages pouvant accueillir 300 routards. L'endroit offre tout ce qu'un voyageur peut souhaiter: cuisines, chambre de vidéo, café et bar sur le toit, et une agence de voyage axée sur la tourisme à petit budget. J'ai trouvé très pratique mais quelque peu impersonnel. Cet établissement remarquable est en plein centre d'Auckland près du port que l'on voit ici.
Auckland a beaucoup à offrir. Le Musée d'Auckland présente une impressionnante exposition sur l'histoire, la culture et l'artisanat des Maoris, et on y offre même un spectacle de danse Maori très intéressant. La ville a aussi une excellente galerie d'art, de beaux parcs, des marchés achalandés et quelques plages. Sur la photo, un spectacle de rue très original: deux danseurs évoluant dans des tuyaux de ventilation argentés sur une petite place du centre-ville.
La très anglaise Christchurch est la plus grande ville de l'Île du Sud, moins peuplée. Pour une petite ville de 300 000 habitants, elle offre plus que sa part de musées, galeries et autres attractions publiques, y compris une ancienne ligne de tramway restaurée qui passe devant ce centre d'art et d'artisanat aménagé dans les magnifiques vieux immeubles de l'ancienne université de Canterbury.
L'élevage du mouton et le tourisme sont les pivots de l'économie de l'Île du Sud. Le Sorcier de Christchurch est une attraction touristique très populaire. On voit ici ce personnage excentrique et provoquant en train de haranguer un auditoire de jeunes, au Cathédrale Square. Je soupçonne, pour ma part, qu'il est employé par la Chambre de commerce locale!
Il y a une forte concentration de touristes en Nouvelle-Zélande, et ce n'est pas sans raison, car c'est un beau pays, où la nature est bien préservée comme en témoigne la chaîne de montagnes de l'Île du Sud en descendant le col Albert en route vers Greymouth, sur la côte ouest.
La côte ouest est peu peuplée en raison de sa topographie accidentée et de ses saisons inclémentes: hiver froid et été pluvieux. Hokitika, au sud de Greymouth est une petite ville typique de la côte ouest, où l'industrie minière jadis florissante a fait place à des services touristiques qui accueillent la foule d'étrangers et de Kiwis qui viennent voir les montagnes et les glaciers en été.
L'auberge Franz Josef Backpackers est un exemple typique des petits hôtels bon marché (10US$/nuit), que l'on trouve partout en Nouvelle-Zélande. L'ambiance détendue et chaleureuse de ces petits endroits favorise les rencontres et la fraternisation entre les voyageurs. J'ai dîné ici avec deux charmantes Sud-Coréennes que j'avais rencontrées sur l'autobus Christchurch-Greymouth et j'y ai rencontré Steve, un jeune Britannique avec qui j'ai visité le glacier Franz Josef le lendemain.
En escaladant le glacier Franz Josef, Steve et moi avons discuté du pour et du contre du voyage sac au dos. Je trouve que les auberges de jeunesse peuvent être aussi impersonnelles que les hôtels cinq étoiles lorsqu'elles sont trop grandes, comme c'est le cas de l'Auckland Central Hostel. Ces grandes institutions conviennent peut-être aux randonneurs qui voyagent en couples mais sûrement pas aux routards solitaires comme moi. Je préfère les petites places parce j'ai besoin de me faire des amis avec qui échanger en cours de route, étant donné que je voyage seul durant de longues périodes.
Steve, qui n'avait jamais vu de glacier, a été impressionné en approchant le glacier Franz Josef, mais je l'ai trouvé plutôt petit comparé aux glaciers des Rocheuses canadiennes que j'ai escaladés dans ma jeunesse il y a de cela quarante ans, ou aux grands glaciers des Andes que j'ai vus (mais non escaladés) au Pérou, en Bolivie et au Chili en 1994.
J'ai quand même apprécié l'air frais de la montagne que dégage le glacier Franz Josef, aussi petit soit-il. Il y avait cependant beaucoup de touristes et j'ai dû faire acte de patience avant de pouvoir prendre des photos sans qu'ils en obstruent le champ de vision.
En quittant le village de Franz Joseph, j'ai visité le très beau lac Matheson et j'ai pris un autobus vers le sud avec mes amies coréennes sans visiter le glacier Fox . Nous avons de nouveau traversé les montagnes par le col Haast et admiré les paysages superbes, comme cette vue du lac Wanaka, jusqu'à Queenstown. Ces montagnes sont vraiment spectaculaires, et il n'est pas étonnant qu'il y ait autant de touristes ici!
Queenstown, sise au bord du beau lac Wakatipu, née de l'élevage et de l'exploitation de mines d'or aux environs de 1860 pour décliner et s'éteindre au tournant du siècle, est maintenant ressuscitée en tant qu'attraction touristique et se porte très bien merci. Le décor est vraiment ravissant et, comme la ville est à l'Est des montagnes, elle jouit d'un bon climat toute l'année.
Le ski d'hiver et une vaste gamme de sports d'été, le saut bungee, la descente en eaux vives, le canot-jet et les plaisirs plus calmes de la randonnée pédestre, font la joie des touristes enthousiastes. Ressuscitée, Queenstown peut bien s'appeler "La ville que les touristes ont créée". Le circuit touristique est si bien organisé qu'il est difficile d'y résister.
Ayant mis le pied dans le circuit touristique, il ne me restait plus qu'à le suivre et j'ai visité le fiord Milford qu'aucun touriste qui se respecte ne peut se permettre de rater. Blague à part, il faut reconnaître les mérites des Kiwis: ce sont de maîtres bergers savent s'occuper d'un troupeau de touristes aussi bien que d'un troupeau de moutons. Ä mon avis, je crois qu'ils sont meilleurs bergers de touristes que de moutons car ils font ça très bien sans chiens! Quoi qu'il en soit, voici le beau lac Gunn dans les montagnes en route vers le fiord Milford.
Le fiord Milford était magnifique mais je suis sûr que je l'aurais apprécié beaucoup plus si je n'avais pas été le passager numéro 23 de l'autobus numéro 8 d'une flotte de 14 autobus trimballant leurs troupeaux de touristes sur l'aller-retour de Te Anau au fiord Milford. On voit sur la photo deux autres catamarans comme le mien, ayant chacun cent touristes à leur bord.
J'ai l'air bien content d'être photographié devant le fiord Milford, mais cela n'est dû qu'à mon apparente bonne nature. En fait, je suis furieux de m'être laissé prendre dans ce piège à touristes. Les sentiments n'ont rien à voir avec la logique et je reconnais toute la contradiction de ma situation. J'aurais été tout à fait emballé de découvrir ce magnifique fiord après une randonnée pédestre de quatre jours à travers les montagnes, et je suis loin d'être fier de moi de me retrouver dans la peau du passager numéro 23 sur l'autobus numéro 8... (mais je sais bien qu'à mon âge, je n'aurais pas l'endurance de me taper cette marche de quatre jours). C'est donc pas logique d'être frustré mais c'est comme ça!
Bon, eh bien, j'ai surmonté mes sentiments contradictoires sur le tourisme au fiord Milford, et j'ai passé quelques jours dans la très jolie ville de Dunedin, d'aspect écossais, sur la côte Est de l'Île du Sud. J'ai bien aimé Dunedin et la sympathique petite auberge de randonneurs du nom de Penguin Place que j'y ai dénichée. J'ai aussi apprécié les attractions locales dont une randonnée à bord d'un train antique à travers la spectaculaire gorge Taeri. Tout cela était aussi plutôt touristique, mais comme je n'ai pas eu l'impression de faire partie d'un troupeau, je me suis plu à Duneden. Sans compter que j'y ai trouvé un cybercafé sympa où j'ai pu récupérer mon courrier électronique de Montréal par l'Internet.
De Dunedin, je suis revenu à Christchurch pour une journée et j'ai ensuite passé quelques jours à l'auberge Bumble's dans la petite ville de Nelson sur la baie Tasman, avant de prendre le traversier de Pictou à Wellington sur la côte nord de l'île. J'y suis arrivé un dimanche quand tout était fermé et j'ai fait l'erreur de loger dans le très grand Downtown Backpackers, qui était confortable mais plutôt impersonnel. J'aime voyager seul parce que cela me permet de décider en toute liberté où je veux aller et quand je veux le faire. Aussi, je trouve ça plus stimulant que de voyager avec un ami parce que ça me laisse entièrement ouvert aux gens que je rencontre et parfaitement libre de m'embarquer dans n'importe quelle aventure qui pourrait me tenter.
Voyager en solitaire est généralement très agréable lorsqu'il y a des gens intéressants à rencontrer, des choses emballantes à faire et des paysages admirables. Quand toutefois l'absence de ces stimuli ne peut-être compensée par la présence d'un bon compagnon, ça peut vous laisser en proie a des sentiments d'isolement et de solitude. J'ai fait plusieurs longs voyages solitaires au cours des cinq dernières années (Amérique centrale, Amérique du Sud, Asie du Sud-Est, Afrique) et j'admets m'être retrouvé aux prises avec ces sentiments négatifs à un moment ou un autre au cours de chacun de ces voyages. Au cours de celui-ci, cela m'est arrivé à Wellington et je me suis senti bien malheureux...
Après deux jours à Wellington et deux jours à Taupo, ville que j'ai trouvée ravissante mais touristique, j'ai poussé jusqu'à Rotorua, qui est encore plus touristique mais que j'ai aimé malgré tout, grâce à la joyeuse bande de routards de l'auberge Cactus Jack et à l'ambiance chaleureuse de la taverne Pig & Whistle. Rotorua est tout autant que Queenstown une "ville que les touristes ont créée", mais il faut dire qu'elle offre beaucoup d'attractions qui laissent des touristes bouche bée, comme ces bizarres cygnes noirs du lac Rotorua.
Cette pelouse de boulaigrain et l'immeuble du musée d'art et d'histoire à l'arrière plan, ne seraient pas déplacés dans la campagne anglaise, si ce n'était du palmier à gauche. J'imagine qu'une scène comme celle-ci doit paraître bien exotique aux yeux des visiteurs asiatiques qui forment la majorité des touristes que j'ai vus en Nouvelle-Zélande. Il règne une activité fébrile dans le centre de Rotorua, avec ses innombrables hôtels de toutes catégories, boutiques de souvenirs maoris, restaurants, tavernes et bars, et ses diverses attractions, tels les festins traditionnels Hangi, les spectacles culturels Maori et les sources chaudes polynésiennes.
La région autour de Rotorua offre aussi beaucoup d'attractions touristiques, il y a des parcs et des promenades, des tours de gondole, des fermes pour touristes, des labyrinthes, des champs de geysers (que l'on voit ici), et même un village Maori reconstitué à Whakarewarewa.
D'habitude je ne suis pas du tout partisan des concentrations d'attractions touristiques comme celle que j'ai trouvée à Rotorua et les alentours, mais je reconnais que le village maori m'a intéressé parce qu'il était bien présenté, bien que quelque peu artificiel. Il y semble y avoir un regain d'intérêt envers la culture des Maoris dans les musées et les centres touristiques partout en Nouvelle-Zélande, mais je ne suis pas parvenu à déterminer dans quelle mesure cet intérêt transcende les aspects commerciaux évidents.
On trouve partout en Nouvelle-Zélande de très belles sculptures maoris dans les musées et centres touristiques comme celui-ci, mais qu'en est-il au juste du statut du peuple maori dans la blanche société kiwi d'aujourd'hui? D'ici, je me suis rendu à Paihia dans la belle région de la Baie des îles, et j'ai passé quelques jours de plus à Auckland, avant de prendre l'avion pour Melbourne, en Australie. J'ai bel et bien rencontré une charmante personne de descendance maori, mais je n'ai pas pu obtenir une réponse claire à la question ci-haut, alors je suppose que je vais devoir y retourner...