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TIBET  alt



Capitale: Lhasa
Superficie: 1 070 000 km²
Population: 5-10 millions?
Échange: 1 US$ = 8.1 Yuan
GDP: +- 100 US$


J'ai toujours été fasciné par ce que j'ai lu et entendu au sujet des forces et entités supranaturelles. Avant de venir ici, je considérais le Tibet comme un endroit sacré haut perché dans les lointaines montagnes des Himalayas où les évènements paranormaux étaient plus communs que n'importe où ailleurs.

J'avais donc les oreilles et les yeux grand ouverts et à l'affût du moindre indice, chez moi ou chez les autres, pouvant indiquer de quelque manière que ce soit la présence de forces spirituelles.

J'ai beaucoup regardé mais je n'ai vu qu'un peuple très pauvre, dominé depuis 5 siècles par le pouvoir absolu de la théocratie tibétaine, et assujetti aux forces d'occupation Chinoises depuis 1950.

Lonely Planet    CIA   

 

 

Frontière chinoise de Zhang Mu.

Zhang Mu

Je me suis vite habitué à voir le Tibet comme une province de la Chine. Il aurait été difficile de faire autrement après avoir passé les douanes chinoises, ici, à Zhang Mu. L'occupation militaire chinoise était évidente partout ainsi que la dilution de la population tibétaine par une immigration massive de Chinois.


 

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Bhota Khishi Gorge

La gorge Bhota Khishi

Escalader cette gorge absolument grandiose élève l'âme, je me rapprochais de cette région très spéciale où se cachent les secrets surnaturels!


 

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Plateau tibétain

Plateau tibétain

La route s'ouvre enfin sur le haut Plateau tibétain.


 

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Village tibétain

Village Tibétain

Nous nous sommes arrêtés à ce village tibétain pour aller voir une caverne réputée être celle où le poète légendaire Milarepa est supposé s'être isolé pendant six ans pour expier son usage de la magie noire pour tuer les ennemis de sa famille au XIe siècle. Selon une croyance largement répandue au Tibet, des pouvoirs paranormaux de magie noire peuvent être obtenus par la mortification du corps, la méditation et la pratique de rituels tantriques. Milarepa était admiré pour avoir développé la capacité de voler dans les airs à volonté avec son corps physique et non pas seulement avec son esprit (ce qui, apparemment était plus courrant).


 

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Enfant sur seuil

Village Tibétain

Cette petite fille nous regarde sans surprise car elle a vu bien d'autres touristes s'arrêter dans son village pour voir la sainte caverne.


 

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Femme tibétaine

Village Tibétain

Il en va de même pour cette femme Tibétaine qui appelle quelqu'un en nous ignorant complètement. Décidément, la présence de touristes étrangers n'avait plus rien de nouveau.


 

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Plateau tibétain

Plateau tibétain

C'est, en effet, une contrée nue et hostile.


 

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Village d'une verte vallée.

Village d'une verte vallée.

Ici et là, une petite vallée protégée et jouissant d'un micro-climat permet de cultiver de l'orge (la denrée tibétaine) ainsi que maïs, sarazin, colza, haricots et légumes.


 

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Mont Everest

Mont Everest

En montant vers Lalung La avec l'Everest en arrière-plan.


 

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Mont Everest

Mont Everest

Le Lalung La (col Lalung) à 5 050 mètres (16 600 pieds) avec l'Everest (8 848 mètres - 29 029 pieds) à l'arrière. L'air est mince et froid à cette hauteur.


 

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Plateau tibétain

Plateau tibétain

Cette belle étendue peut sembler semble stérile à la mi-mai, mais dans un mois elle produira suffisamment d'herbes pour y faire paître yaks, chèvres et moutons tibétains.


 

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Transport du grain.

Transport du grain.

The plateau tibétain m'a rappelé l'altiplano du Pérou et de la Bolivie, qui fournissent tous deux des pâturages durant les mois d'été. Remplacez les yaks par des lamas et alpacas, et l'on pourrait se croire quelque part en Bolivie.


 

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Tengri

Tingri

Le voyage individuel est permis en Chine mais non au Tibet où l'on exige un visa de groupe spécial. C'est pourquoi je me suis joint à un groupe. Nous avons roulé depuis Zhang Mu dans cette camionnette GMC blanche et nous faisons escale à Tingri pour le lunch.


 

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L'heure du lunch à Tengri

Tingri

Nous avons rencontré très peu de voitures en route vers ici et le village nous parut désert, mais ce petit restaurant était plein de Tibétains. Si j'avais été seul, j'aurais essayé de communiquer, ne serait-ce que par signes, pour satisfaire ma curiosité sur ce peuple.


 

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Thé au beurre de yak

Tingri

Le voyage en groupe facilite beaucoup la logistique dans ce coin de la terre, mais il vous coupe de tout contact avec les gens du pays. Du thé chaud au beurre de yak rance nous fut un remontant bienvenu dans ce coin perdu.


 

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Village et forteresse Xegar.

Xegar

Nous avons vu plusieurs vestiges de forts au cours de notre trajet, mais nous n'avons pu obtenir de notre guide aucune information à leur sujet, soit parce qu'il ne voulait pas répondre à nos questions ou parce qu'il n'en savait rien lui-même. Ici encore, les ruines de cette grande forteresse de montagne rappellent le passé militaire du Tibet.


 

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Yak à Xegar.

Xegar

Vu de près, le yak ressemble à une petite vache poilue. Celui-ci a l'air plutôt docile et pourrait être le produit du croisement d'une lignée de yak sauvage et d'une bête domestique. Remarquez le visage de ce Tibétain, buriné et brûlé par le soleil en un cuir rouge foncé. Le soleil de haute altitude produit le même effet sur les Andains de l'altiplano bolivien.


 

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Plateau tibétain

Plateau tibétain

J'ai choisi encore une autre photo de ce paysage désertique afin de présenter fidèlement la dure réalité de ce beau désert himalayen.


 

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Plateau tibétain

Plateau tibétain

Le désert à perte de vue... Des nappes de glaces viennent briser la monotonie ici et là. En fait, tout ce pays est plongé dans la neige, en hiver.


 

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Drapeaux de prières au Col Gyatso

Gyatso La

Le col Gyatso est à 5 252 mètres (17 225 pieds) au-dessus du niveau de la mer. Le Tibet s'est converti au Bouddhisme au VIIIe siècle, mais en a développé sa propre version qui intègre plusieurs éléments de l'ancienne religion chamaniste Bon qui a précédé son passage au bouddhisme. Les drapeaux multicolores battant dans le vent derrière moi ont été dressés là par de pieux Tibétains en guise de prière rituelle à leurs anciens dieux des montagnes.


 

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Jeunes tibétains au col Gyatso

Gyatso La

Ce jeune garçon tibétain était seul au col Gyatso balayé par le vent. Nous nous sommes tous demandés ce qu'il faisait, tout fin seul à des milles de nulle part. Il y a si peu de touristes qui passent par ici qu'il est invraisemblable qu'il fût là pour mendier, ce qu'il n'a pas fait d'ailleurs. Peut-être allait-il quelque part comme ces bédouins solitaires que j'ai vus à des milles de nulle part dans le Sahara. Il a tout de même accepté quelques pièces sans aucun remerciement et il est tout simplement resté planté là dans ses guenilles à nous regarder jusqu'à notre départ.


 

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Murs de monastère

Sakya

Ces immenses remparts n'appartiennent pas à quelque forteresse médiévale, ce sont les murs d'un établissement religieux, le célèbre monastère tibétain Sakya, fondé au XIe siècle. Aux XIIe et XIIIe siècles, les moines aux chapeaux rouges de la secte Sakyapa ont forgé une alliance avec Genghis Khan et son fils Kublai Khan qui leur a assuré le support des Mongols jusqu'au XIVe siècle dans leur lutte pour l'hégémonie avec les autres sectes tibétaines (Nyingmapa aux chapeaux rouges, Kagyupa aux chapeaux rouges et Gelukpa aux chapeaux jaunes).


 

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Murs de monastère

Sakya

Les murs du monastère Sakya démontrent que la compétition entre les diverses sectes concernait le pouvoir temporel et non seulement des questions de dogme. Il n'aurait pu en être autrement dans une théocratie où il n'y avait pas de séparation entre le leadership spirituel et le pouvoir civil et militaire. Les sectes et les monastères se faisaient aussi concurrence sur l'étendue de leurs domaines et sur le nombre correspondant de paysans locataires, qui assuraient la base économique de leur pouvoir. Les Sakyapas connurent le déclin et perdirent éventuellement leur emprise du pouvoir quand la dynastie mongole Yuan (issue de Kubilai Khan), qui était leur alliée, fut remplacée par la dynastie chinoise Ming au XIVe siècle.


 

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Grande salle

Sakya

La secte Gelkupa (chapeaux jaunes), fondée à la fin du XIVe siècle, grandit en importance et établit les monastères Ganden, Drepung et Sera, près de Lhasa. En 1577, leur troisième grand-lama Sonam Gyatso s'allia avec le grand-khan mongol Alta Khan, qui lui décerna le titre de "Dalai Lama" (Océan de Sagesse). Il fut déclaré que les Dalai Lamas étaient des incarnations successives du dieu bouddhiste Avalokitesvara. Au début du XVIIe siècle, le grand 5ème Dalai Lama (Ngawang Lobsang) réunifia le Tibet avec l'aide militaire des Mongols qui écrasèrent toute opposition à la théocratie Gelkupa qui conserva le pouvoir jusqu'à l'invasion Chinoise en 1950

L'apogée en tant que centre du pouvoir de la grande salle d'assemblée Sakya derrière cette entrée était terminée. La secte Sakyapa a survécu jusqu'a ce jour mais elle fut gravement appauvrie la confiscation des domaines monastiques, par les contraintes imposées sur toutes les expressions religieuses depuis 1959, et par la destruction complète de leur le monastère du Nord, près de celui-ci, durant la Révolution Culturelle à la fin des années soixante.


 

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Salle Mandala

Sakya

Derrière cette entrée est la Salle des Stupas d'argent, où onze grands vaisseaux en argent contiennent les restes des défunts leaders Sakyapa. Plusieurs monastères ont été réouverts depuis la Révolution culturelle et sont soigneusement restaurés mais la population de moines n'est plus que le dixième de ce qu'elle était sous le règne de la théocratie lorsque d'importants revenus étaient tirés des domaines monastiques.


 

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Roues à prières

Sakya

Lorsque ces grosses roues à prières tournent dans le sens de l'horloge, les prières écrites sur des parchemins roulés à l'intérieur sont considérées comme étant prononcées, apportant ainsi des mérites à ceux qui les font tourner. Cette technique de prière rituelle est sûrement plus efficace que la récitation rituelle de centaines d'Ave Maria, un à la fois!


 

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Moines amicaux

Sakya

Ces petites roues à prières sont peut-être moins efficaces mais elles sont plus faciles à tourner que les grosses. Ces jeunes moines étaient fort affables et le plus grand d'entre eux parlait un peu d'anglais. Dommage que je n'aie pu rester pour découvrir ce que, selon eux, devraient être les rôles respectifs des structures civiles et religieuses dans l'avenir. J'aurais aimé leur demander pourquoi ils étaient devenu moine et quelles autres alternatives se présentaient lorsqu'ils l'ont décidé. J'aurais aussi aimé leur demander si les dures règles de l'ancienne vie monastique sous l'autorité absolue de l'Abbé avaient encore cours et si oui, comment ils pouvaient accepter les bastonnades et les mauvais traitements auxquels les jeunes moines étaient traditionnellement soumis.


 

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Ville et Dzong

Shigatse

Durant la théocratie et jusqu'en 1950, le monastère le dzong (forteresse) et les domaines monastiques formaient des centres de pouvoir analogues aux principautés et baronnies féodales du moyen âge en Europe. Ici le dzong est sur la colline que l'on voit et le monastère est derrière nous. Le monastère Tashilhumpo a été construit au XVe siècle sur l'ordre de Gedun Drub, qui a succédé au fondateur de la secte Gelupa (Chapeaux Jaunes) et à qui le titre de premier Dalai Lamai fut décerné longtemps après sa mort.


 

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Lunch

Shigatse

Voici une photo des hardis voyageurs qui mériteraient des médailles pour la patience dont ils ont fait preuve envers un guide incompétent; en avant, Linda & Henrietta, en arrière, Natalie, Corine, Isobel, Steve, Sebastian et John.


 

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Monastère Shigatse

Shigatse

Voici le monastère Tashilhumpo, avec ses trois principaux temples (toits en or), ses multiples sanctuaires et ses quartiers d'habitation. Au XVIIe siècle, le grand 5ème Dalai Lama conféra le titre de Panchen Lama (Grand Savant) au 4ème Abbé de Tashilhumpo. Depuis lors, leurs successeurs aux postes de Dalai Lama et de Panchen Lama ont été plus ou moins en compétition (dans les deux cas, ils accèdent à leur position exaltée en étant déclarés les incarnations de leur prédécesseur).


 

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Monastère Shigatse

Shigatse

Voici le Palais central et le temple principal. Vers la gauche, mais difficile à photographier, se trouve la salle Maitreya logeant une statue de 26 mètres (85 pieds), de Maitreya (le Bouddha du futur), recouverte de 279 kg d'or!

Les Panchen Lamas ont été plutôt pro Chine depuis que le 9ème Panchen Lama s'y soit réfugié après s'être querellé avec le 13ème Dalai Lama. Son successeur, le 10ème Panchen Lama, est né en Chine en 1938 et y a vécu en plus ou moins bons termes avec ses supporteurs chinois.


 

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Moine

Shigatse

Cet ancien moine a peut-être rencontré le 10ème Panchen Lama qui, bien que vivant en Chine, est demeuré l'Abbé officiel du monastère de Tashilhumpo qu'il est venu visité quelques fois jusqu'à sa mort en 1989. Étant donné que personne n'a été reconnu comme étant sa réincarnation, la dynastie "Panchen" est maintenant éteinte.


 

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Temple & moine

Shigatse

Grâce à sa relation avec le Panchen Lama, ce monastère n'a pas été aussi affecté par l'occupation chinoise du Tibet que l'ont été certains autres monastères. Il a fait l'objet d'importants travaux de restauration et semble jouer aujourd'hui un rôle de "monastère lamaïste modèle" semblable au rôle de "monastère orthodoxe modèle" qu'a joué le monastère de Zagorsk, près de Moscou, durant les années de répression religieuse en Union soviétique.


 

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Ville de Gyantse

Gyantse

A deux heures de route de Shigatse se trouve la ville de Gyantse avec son monastère, que l'on peut voir au bout de cette rue. Évidemment, son dzong n'est pas loin, il est juste derrière nous.


 

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Dzong

Gyantse

Le monastère est entouré d'un mur protecteur et est de plus protégé par l'impressionnante forteresse construite sur ce haut rocher tout près. En 1904, une expédition militaire britannique dirigée par le colonel Younghusband a tenté d'envahir ce dzong et a connu l'échec malgré son armement supérieur.


 

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Monastère

Gyantse

Le monastère et le dzong logeaient jadis des milliers de moines mais, depuis le Révolution Culturelle, il ne reste plus quelques bâtiments: la grande salle d'assemblée, la résidence des moines âgés sur la colline et le Pango Chorten, à gauche.


 

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...

Gyantse

Le jour de notre visite, une vingtaine de jeunes moines répétaient des danses en vue d'une cérémonie religieuse à venir en août, trois mois plus tard. Le petit orchestre n'avait que deux grandes trompettes "dhung-chen", un tambour tibétain "nga" et des cymbales, mais la musique était vive et rythmée. La longue trompette tibétaine émet un son d'une profondeur et d'une beauté fantastique.


 

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Monastère vue du dzong

Gyantse

Le lendemain matin, nous sommes montés sur le dzong pour contempler la ville et le monastère, avant de partir pour Lhasa. Il est facile d'imaginer l'importance militaire de ce chef-lieu défendu par un plein contingent de moines guerriers! Le choix de ce site et les fortifications encore complètes du monastère et de la haute citadelle en disent long sur les rapports que les sectes et monastères concurrents entretenaient entre-eux jusqu'à ce siècle.

Il y a lieu de se rappeler que ces monastères ont été construits au moyen âge lorsque l'Europe aussi avait ses seigneurs féodaux, ses villes fortes, ses châteaux citadelles, ses conflits constants entre les puissants et la constante misère pour les serfs et les paysans. En Europe, les témoins architecturaux de la période féodale ont succombé aux changements sociaux et économiques alors qu'ici ils demeurent intacts, même après l'invasion Chinoise.

Il est frappant de se rendre compte qu'en 1950, les structures sociales, économiques et de pouvoir n'avaient pratiquement pas évolué au Tibet depuis la construction du monastère de Ganden en 1409 qui a marqué le début de la théocratie Gelukpa. L'isolement physique du Tibet a pu être un facteur dans le maintien pendant cinq siècles et demi de cet étonnant immobilisme mais à mon avis, cela n'aurait pas été possible sans l'emprise totale du Lamaïsme sur le peuple.


 

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Lac Yamdruk Yumtso

Plateau tibétain

Après ce lourd commentaire, un peu de répit non? Voilà une belle photo, n'est-ce pas? C'est le lac Yamdrok Yamstso, à quelque 100 km au sud de Lhasa.


 

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Potala

Lhasa

Le Potala! Voici une place forte, s'il en est! Elle fut construite au XVIIe siècle par le 5ème Dalai Lama, qui détint le pouvoir politique, militaire et religieux, grâce à la nature quasi divine d'un Bodhisattva réincarné, d'une part, et au support militaire mongol, d'autre part.

Ce pouvoir est bien impressionnant mais le pouvoir n'était pas étranger à Lhasa qui avait été la capitale d'un vaste empire au VIIe siècle (juste avant l'introduction du bouddhisme) sous Songtsen Gampo, 33ème roi de la dynastie Yarlung. Les deux générations suivantes de cette dynastie convertirent le Tibet au bouddhisme et étendirent son empire de Kachgar à l'Ouest à Xi'an à l'Est et du Nord de l'Inde jusqu'au Sud de la Mongolie. Plus tard, une renaissance de la religion Bon, au IXe siècle, entraîna la chute de cet empire et la persécution du bouddhisme.


 

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Toit de Potala

Lhasa

Je m'attendais à être touché par la piété, le mysticisme et l'aura supranaturelle de la sainteté, mais tout ce que j'ai vu et senti alors que je me trouvais sur le toit du Potala, dans le palais résidentiel du Dalai Lama, fut l'aura du pouvoir absolu et étendu de la théocratie qui a contrôlé le Tibet de 1409 à 1950. Je ne m'attendais pas à découvrir cet aspect du Potala et, franchement, je fus plutôt déçu...


 

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Lhasa vue du toit du Potala

Lhasa

Maintenant, le pouvoir est passé entre d'autres mains. Il est fermement en mains Chinoises depuis leur prise de contrôle graduel à compter de 1950 jusqu'à l'écrasement militaire brutal en 1959. Les nouveaux maîtres ont entrepris de transformer le Tibet par l'application de contrôles restrictifs sur les monastères, par l'introduction massive d'immigrants Chinois et par la construction également massive de routes, ponts, écoles, hôpitaux et logements à prix modiques. Les taudis qui occupaient jadis l'espace en face du Potala ont été démolis et remplacés par l'immense place et salle d'exposition que l'on voit ici du toit du Potala.


 

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Le blanc palais de Potala

Lhasa

Le Palais Potala, autrefois puissant, n'est plus qu'un beau vestige du passé, un grand musée encore occupé par quelques moines mais vidé de sa substance, qui était autant la gestion d'un pouvoir absolu que le culte à Bouddha et autres entités supranaturelles.


 

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Un des grands escaliers du Potala

Lhasa

Même en tant que musée, le Potala est encore impressionnant dans le décor extraordinaire du Plateau tibétain. Notre périple était censé comporter la visite des importantes universités monastiques de Ganden, Drepung et Sera, mais le tout fut cancellé par les autorités chinoises à la suite d'un incident entre les moines et la police qui cherchait à confisquer les images interdites du Dalai Lama.

J'en fus très déçu car j'aurais aimé m'enquérir directement sur le contenu et la structure du système éducatif traditionnel qui selon mes lectures, était très complexe et comprenait l'enseignement de 5 matières religieuses et philosophiques reparti en 17 degrés, exigeant un minimum de 20 années d'études. Je savais qu'il n'existait pas d'écoles pour la population en général et que seule une petite élite avait accès à ce système éducatif élaboré, mais j'étais surtout curieux de connaître l'étendue du contenu mathématique et scientifique qui pouvait être dispensé à cette élite.


 

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Taudis au pied du Potala

Lhasa

On a laissé quelques taudis au pied du grand Potala, peut-être pour rappeler les extrêmes sociaux du passé ou peut-être pour mettre en valeur le grand palais. J'espère qu'on ne les remplacera pas par des habitations à prix modique en béton préfabriqué!


 

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Vie nocturne de Lhasa

Lhasa

Voici de nouveau la joyeuse bande: devant, Natalie & Steve et, derrière, Sebastian, Corine, Isobel, Henriette, votre tout dévoué, et John.


 

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Brûleurs d'encens à l'extérieur dutemple Jokhang

Lhasa

Si vous aimez l'encens, c'est l'endroit tout indiqué car on en brûle des poignées (pour un prix évidemment), en l'honneur du panthéon lamaïste devant le temple Jokhang, le plus saint de tous les temples tibétains. Les marchants devant le temple font des affaires d'or avec les foulards cérémoniaux (khata), les plaques votives (tsa tsa) et divers autres accessoires requis pour les rituels religieux qui ont cours à l'intérieur.

Dans l'alcôve que l'on voit directement devant le temple, une vingtaine de fidèles faisaient leur prosternations rituelles "Klangchag". Ce spectacle d'humiliation totale volontaire m'a tellement bouleversé que je n'ai pu le photographier à ce moment-là. Plus tard, j'ai pris quelques photos de fidèles prosternés sur le circuit Barkhor autour du temple.


 

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Orchestre dans le temple Jokhang

Lhasa

A l'intérieur du temple, cet orchestre de moines tibétains fournissaient une ambiance musicale très agréable aux rituels de dévotion des fidèles et aux touristes voyeurs. De nombreuses chambres, petites et grandes, contenaient d'innombrables statues de Bouddhas (Sakyamuni, Adibudha, Amitabha, Maitreya etc.), de Bodhisattvas (Avalokitesvara, Manjusri, Vajrapani, Tara, etc.) et d'anciens lamas, rois, saints et déités mineures, que les fidèles vénèrent en offrant de l'argent ou en allumant des lampes à beurre de yak (scène courante: un moine en train de compter les liasses de billets crasseux déposés dans les omniprésentes boîtes à aumônes).


 

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Moines dans le temple Jokhang

Lhasa

Après avoir passé quelque temps dans les chambres de prières, c'est un soulagement que de sortir dans la cour pour respirer un d'air frais, car la fumée des milliers de lampes au beurre de yak traditionnelles rend l'air irrespirable dans les chambres plus petites. En fait, les lampes brûlent de l'huile végétale hydrogénée (margarine), importée en gros blocs portant étiquettes népalais.


 

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Procession autour du temple Jokhang

Lhasa

Ces gens sont des pèlerins tournant autour du marché Barkhor qui entoure le temple pour remplir le rituel "Korlam". Le pèlerinage au Jokhang est un rituel à mérites aussi important aux lamaïstes tibétains que le pèlerinage à la Mecque l'est aux musulmans. Les ressemblances et différences sont intéressantes. Entre autres rituels, le "Hajj" exige que le fidèle fasse sept fois le tour du Ka'aba dans le sens contraire de l'horloge.

Le rituel tibétain "Korlam" comprend lui aussi l'accomplissement de circum-ambulations mais elles doivent se faire dans le sens de l'horloge, elles s'appliquent à tous les lieux saints et rapportent aux fidèles des mérites qui s'accroissent avec le nombre de circuits accomplis. Ces pèlerins viennent de tous les coins du Tibet et certains de Chine et de Mongolie où la foi lamaïste c'est répandue dans le temps des alliances entre Mongols et Tibétains.


 

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Prostré

Lhasa

Le rituel Klangchag auquel s'adonne ce monsieur se fait de la façon suivante: debout, les bras vers le bas, il tape ses mains deux fois puis les élève au-dessus de sa tête et les tape une troisième fois; après quoi il s'étend de tout son long sur le sol, les bras tendus par devant, dit une prière, tape des mains et fait une marque sur le sol avant de se relever; enfin, il fait trois pas et répète ce rituel le nombre de fois nécessaire pour compléter le circuit (environ 400 fois si, comme ce monsieur, vous faites un Korlam sur le pourtour de 800 mètres du marché Barkhor).


 

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Autre prostré

Lhasa

Voici un autre prostré gagnant des mérites afin de libérer son âme de la roue des réincarnations. Il faut être particulièrement non réceptif et extraordinairement insensible pour considérer ce monsieur avec équanimité et pardonner un régime qui peut encourager un tel abaissement.

Je ne suis resté qu'une semaine au Tibet et, faisant parti d'un groupe mené comme un troupeau et ne parlant pas la langue, je n'ai pas eu l'occasion d'avoir des conversations valables avec des Tibétains, mais les scènes que j'ai vues ont suffi pour m'apprendre que le bouddhisme lamaïste tantrique qui a cours au Tibet était très différent du bouddhisme tolérant que l'on retrouve ailleurs.

J'ai fini par me rendre compte que les seules formes d'expression religieuse que j'ai vues avaient rapport au lamaïsme. Il m'est apparu que le lamaïsme a exercé un monopole exclusif sur la religion dans le passé et que la tolérance religieuse ne faisait pas partie de la tradition tibétaine. J'ai senti, au contraire, que le peuple tibétain avait traditionnellement été soumis à des pressions semblables à celles qui ont cours dans le Soudan intégriste que j'ai visité en 1995.


 

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Sa Sainteté le Dalai Lama

Lhasa

J'ai été renversé de découvrir combien les médias (et le très médiatique Dalai Lama) avaient manipulé ma perception du Tibet.

Non, je n'ai pas pris cette photo, c'est pourquoi elle est entourée d'une bordure noire. J'ai pris toutes les autres photos, mais j'ai dû copier celle-ci sans permission car je n'ai jamais eu l'occasion de m'approcher assez près de la 14ème incarnation de la dynastie Dalai Lama pour le photographier. Toutes mes excuses au détenteur des droits sur cette photo, et je la retirerai si il l'exige...

J'insère cette photo pour illustrer comment l'image de ce monsieur bienveillant et à l'allure de saint peut projeter une image d'un système socio-religieux tolérant et généreux, complètement différent de ce que j'ai perçu en visitant le Tibet. Je vois clairement maintenant que l'image idéalisée que les médias ont choisi pour présenter ce qu'était le Tibet avant d'être envahi par la Chine ne correspond pas à la réalité du règne théocratique sévère qui a prévalu sous le lamaïsme. Je ne doute pas que ce monsieur souriant soit aussi gentil et bienveillant qu'il en a l'air mais je n'ai aussi aucun doute que le système qu'il représente ait empêché le peuple Tibétain d'évoluer vers une société où la liberté du choix et les droits de l'homme fondamentaux sont reconnus.

Présentement, il est évident que le Tibet est occupé militairement par l'envahisseur Chinois, que le peuple n'a pas droit de parole quant à sa destinée et que les droits de l'homme ne sont pas garantis. Je trouve cependant que les puissants média américains concentrent leur attention sur l'oppression à laquelle le peuple Tibétain fait face aujourd'hui tout en blanchissant celle d'hier. Ça fait 40 ans que le Dalai Lama a quitté le Tibet mais ce n'est que depuis le massacre de Tiananmem en juin 1989 que le not d'ordre fut donné aux média de promouvoir sa cause pour punir la méchante Chine communiste.

Je suis bien content d'être allé voir pour moi même ce qu'il en était. Sinon, je serais resté pris avec cette vision caricaturale en blanc et noir, de cow-boys et Indiens, de flics et bandits, de bons moines tibétains et de méchants communistes. La réalité n'est pas aussi simple que ça!

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Monument de yaks en or

Lhasa

Les Chinois ont construit ce monument de yaks en or au pied de l'imposant Palais Potala pour symboliser la libération du peuple tibétain des structures féodales qui les opprimaient avant leur venue. Le symbolisme est frappant; le Veau d'Or du matérialisme remplace les tables de la Loi Divine!

Il n'y a aucun doute que la majorité des Tibétains considèrent l'invasion et la domination chinoise comme une nouvelle oppression. Mais sont-ils conscients de l'ampleur de l'oppression qu'ils ont subie dans le passé avec l'absence de toute autre forme d'expression religieuse, avec l'absence d'écoles et avec l'inégalité économique entre les propriétaires terriens qu'étaient les monastères et leurs locataires, ces pauvres paysans ignorants?


 

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Femme avec sac

Lhasa

Ici, j'ai choisi les photos d'une femme, d'un homme et d'une fille vêtus de leurs plus beaux atours pour faire le Korlam sur le Barkhor. Je me demande comment ils réagiraient à ce document s'ils avaient l'occasion de le visionner sur ordinateur.

Que pensent-ils de la fin du régime théocratique et des écoles, hôpitaux et routes que les Chinois ont construits? De la présence croissante d'immigrants Chinois au sein de leur société? Est-ce qu'ils croient que la qualité de leur vie (matérielle et spirituelle), sera meilleure ou pire dans les années à venir qu'elle le fut sous la théocratie? Voilà l'unique question pertinente.

Regardez-les et essayez d'imaginer qui ils sont... Essayez d'imaginer combien de liberté de choix qu'ils ont dans leur cheminement vers ce qu'ils sont devenus...


 

Homme au chapeau Fille au chapelet

 

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