Je suis arrivé à Huaraz à sept heures du soir après 11 heures d'autobus. La journée avait été longue, mais la remontée spectaculaire du Cañon del Pato m'a laissé encore tout excité quand je me suis retiré à l'Hostal Raimondi qu'on voit ici.
J'adore les montagnes mais malheureusement mes genoux ne me laissent plus faire d'ascensions (le gauche est mal fracturé et ne tient que par une grande vis et l'autre a un ménisque déchiré). Venir ici était néanmoins un délice. La rencontre des ascensionnistes et la vue de la grande Cordillera Blanca m'ont redonné la forme!
Huaraz, à 3090 mètres, est entourée par des douzaines des sommets de 5700 mètres ou plus (l'Amérique du Nord n'en a que 3 de cette classe, Denali, Logan et Orizaba et l'Europe n'en a aucun). Le Huascarán, presque caché dans les nuages dans cette photo est la plus haute montagne du Pérou avec 6768 mètres.
La Cordillera Negra à l'ouest, semble moins impressionnante mais c'est seulement parce que nous sommes déjà à 3090 mètres d'altitude et à cause de la présence de la Cordillera Blanca, coiffée de neige, de l'autre côté de la vallée.
Ici je dis adieu à une amie avant de partir avec mon sac attraper un autobus qui m'amènera à Chavín de Huántar, de l'autre côté de la Cordillera Blanca.
Du haut de ses 6395 mètres, le Huanstán domine le petit village de Chavín, où je vais, et dont l'apparence actuelle cache le fait qu'elle a été autrefois la capitale d'un grand Empire.
Même si je n'allais pas à Chavín, le beau paysage le long de cette passe de montagne aurait suffi à justifier le voyage.
J'espère que vous aimez les paysages de montagne autant que moi.
Il y a trois mille ans, Chavín contrôlait l'extrémité est de cette passe de montagne qui est la seule traversant la Cordillera Blanca sur une distance considérable.
Si vous regardez soigneusement cette photo, vous verrez des cabanes de paille dans lesquelles les Amérindiens de la montagne vivent toujours de l'élevage d'alpagas, comme leurs ancêtres il y a deux millénaires.
Vous pouvez voir la cabane de paille et l'enclos d'animaux en pierres un peu mieux sur cette photo.
Le ruisseau Huachecsa descend cette vallée et rencontre la rivière Mosna au carrefour stratégique où Chavín a été construite.
Chavín de Huántar ne paie pas de mine aujourd'hui. C'est un village de montagne somnolent, avec une grande église devant une Plaza, tout comme tant d'autres.
J'étais étonné que le potentiel touristique cet endroit d'une si grande importance historique n'ait pas été développé par le Pérou.
Quand j'y suis passé, il y avait seulement deux hôtels minables comme l'Hostal Montecarlo où j'ai dormi pour moins de deux dollars la nuit.
Le village semblait déserté et il était évident que les autorités péruviennes n'avaient aucune idée de ce qui pourrait être fait d'un endroit comme celui-ci. Ils n'avaient même pas pensé à nettoyer les rues et construire un musée dans ce qui avait été la capitale du premier Empire dans le pays, il y a presque 3000 ans.
Il y avait seulement un vieillard et son chien pour veiller sur le temple du "Dieu Souriant" dont l'influence s'était propagée à partir d'ici sur presque tout le Pérou d'aujourd'hui. Je n'ai pas pu croire mes yeux quand j'ai vu l'état d'abandon et de délabrement dans lequel a été laissé le berceau de la civilisation dans les Andes Centrales, par la nation dont c'est le plus ancien patrimoine.
Partout ailleurs dans le monde cet endroit aurait été transformé en un lieu d'intérêt touristique d'orgueil national. Les Égyptiens sont fiers de leurs Pyramides comme les Grecs le sont de l'Acropole, les Italiens du Colisée etc.
Les Péruviens pourraient être fiers de cet endroit pour deux raisons, a) La Civilisation Chavín a unifié le Pérou et a donné une culture et une vision communes à ses divers peuples qui ont duré presque 1000 ans, et b) elle a réussi à le faire par des moyens pacifiques, sans armée de métier, sans torture et sans oppression. Voici de quoi sont faites les légendes!
J'étais intrigué par cette indifférence jusqu'à ce que me vienne l'idée que les classes dirigeantes du Pérou ne pouvaient pas s'identifier aux ancêtres du peuple Quechua parce qu'ils n'étaient pas et ne sont toujours pas, Quechua. Depuis l'invasion Espagnole, le pouvoir a été soigneusement maintenu en mais blanches, celles des Espagnols nés en Espagne, jusqu'à l'indépendance et depuis lors, celles des blancs nés au Pérou dont les ancêtres sont à prédominance Espagnole. La discrimination envers les habitants autochtones a été si sévère que le terme "Indio" est devenu insultant au point que les Amérindiens préfèrent être appelés "campesinos" (fermiers).
Il y a peut-être d'autres explications pourquoi la brillante civilisation Chavín a été "jetée aux oubliettes" mais c'était la seule que j'ai pu trouver. Je suppose que les vestiges Mochica, Chimú et Incas étaient trop grands pour feindre les ignorer. Et les lignes Nazca aussi!
Les murs extérieurs du Temple étaient ornés de têtes sculptées, en tenon dans la maçonnerie, qui représentaient la transformation shamanique, du prêtre au félin, sous l'influence des drogues hallucinogènes qui étaient utilisées dans leurs cérémonies religieuses (principalement de la tryptamine dans les graines d'epena et de vilca à priser et de la mescaline dans le cactus de San Pedro).
Au centre du temple se trouvait le plus sacré saint des saints, l'impressionnant "Lanzón" ou "Dieu Souriant" sculpté dans du granit blanc, qui était à la divinité suprême de la religion Chavín. A gauche, une vue de la face de la colonne en forme de prisme, haute de 15 pieds, et à droite, une des vues de profil montrant la bouche souriante avec de grands crocs félins.