À Puerto Montt j'ai laissé mon sac à la pension Gallardo et je me suis mêlé aux manifestations publiques d'une fête qui se tenaient pour une raison maintenant oubliée.
Le lendemain j'ai confirmé ma réservation sur le traversier Puerto Eden qui partait vers le sud la semaine suivante et je suis retourné au Lac Llanquihue pour visiter les deux charmantes villes de Puerto Varas et Frutillar, fondées par les immigrants allemands. A l'arrière plan se dessine le Volcán Osorno qui était caché dans les nuages quand je suis passé près de sa base, la veille.
Il faisait de nouveau très beau. J'avais eu la malchance de faire la croisière des lacs glaciaires un jour orageux. J'ai accepté ma déception car ce petit bout de mauvaise fortune était juste l'exception qui confirmait la règle de mon exceptionnelle bonne chance habituelle.
Puerto Montt était charmante mais pas assez intéressante pour me retenir. J'ai donc décidé d'aller visiter l'île de Chiloe.
C'est à Pargua, à 55 km au sud de Puerto Montt, qu'on prend le ferry pour Chacao sur Chiloé.
Je suis allé directement à Castro, la capitale régionale au centre de l'île où j'ai passé la nuit. J'ai trouvé que Chiloé ressemblait beaucoup à la Nouvelle Écosse avec de petits villages de pêcheurs dispersés le long des baies d'un rivage tortueux.
Cette soir là, je me suis retrouvé au restaurant Palafito, non loin d'ici au bord de la mer. J'y ai dégusté un dîner inoubliable accompagné d'un excellent vin blanc Chilien, des oursins, suivi par un grand plat de "Curanto" qu'il mon été impossible de finir (un tas de moules, des palourdes et coquillages auxquels on avait ajouté du porc, du poulet et des saucisses fumées).
Ancud, à l'extrémité nord de l'île est la deuxième plus grande ville.
C'est cette petite goélette "Ancud" qui s'est rendue dans le détroit de Magellan en 1843 pour déclarer l'appartenance de la péninsule patagonique au Chili.
La pêche est encore bonne au large des côtes du Chili. En les regardant décharger leur poisson il m'est venu à l'esprit des images similaires de belles prises en cours de déchargement sur la côte est du Canada, il y a quarante ans quand la surexploitation de la pêche à la morue n'avait pas encore épuisé les réserves fauniques (Et aussi les phoques, indûment protégés, dont le nombre monte en flèche!)
Finalement, le moment était venu de monter à bord du ferry pour une croisière de trois jours au travers des fjords, jusqu'à Puerto Natales. Le port d'attache de la Navimag Shipping Lines se trouvait dans le port de pêche d'Angelmo, près de Puerto Montt où ces curieuses cabanes abritent une boutique au rez-de-chaussée et des habitations au-dessus.
Le Puerto Eden est un grand ferry, destiné surtout aux camions de ravitaillement vers la Patagonie. Il peut aussi transporter 50 voitures et embarquer 167 passagers.
J'ai partagé une cabine avec une jeune française, Sylvie Garnier et un couple norvégien, Harald Ebeling et Britta Srevert, assis sur la couchette inférieure, ci-dessous à gauche. Notre cabine était beaucoup plus confortable que les dortoirs de troisième classe qui prenaient 40 personnes dans les couchettes à trois étages que vous pouvez voir à droite.
Le ciel était couvert, mais le paysage était quand même beau.
Il y a peu d'endroits aussi isolés que le petit village de pêcheurs de Puerto Eden, à environ 800 km au sud de Puerto Montt et à 400 km au nord de Puerto Natales. Le ferry du même nom est le seul moyen d'aller ou revenir de cet endroit où les derniers descendants d'une vielle tribu Patagonique, les Alcalufes, vivent toujours.
Le passage à travers les fjords est impressionnant, malgré le mauvais temps.
Après trois jours et quelques heures, nous avons atteint notre destination, Puerto Natales, à une latitude de 52 degrés sud, ce qui est déjà beaucoup plus au sud que Cape Town (34 degrés) et que l'extrémité sud de la Nouvelle Zélande (47 degrés).
Le Puerto Eden est le cordon ombilical du Chili austral.
Il n'y a pas grand chose à voir à Puerto Natales mais c'est la porte d'entrée du "Parque Nacional Torres del Paine" qui est un des plus beaux endroits au monde que j'aie vu jusqu'à ce jour.
Le temps était parfait quand j'ai visité le parc. C'était vraiment un régal.
Derrière moi, la cascade Paine sur le fleuve Paine, plus loin derrière, le mont Almirante (2670 m) à gauche, et encore plus loin, les "Torres del Paine" (2800 m).
Ici vous voyez le mont Almirante et les Torres dont l'image est parfaitement réfléchie dans le miroir que forme la Laguna de Cisnes.
Plus loin au sud-ouest, se trouve le tranquille Lago Pehoe, de l'autre côté duquel vous pouvez voir "Los Cuernos de Paine" (2600 m) à droite, et le "Cerro Paine Grande" (3050 m) à gauche.
Le "Cerro Paine Grande" (3050 m) vue du lac Pehue, près de l'auberge Pehoe à gauche.
Voici une autre vue des "Cuernos de Paine" (2600 m), à travers le Lac Pehoe. Malheureusement, mes pauvres photos ne rendent pas justice à l'incroyable beauté de la bande de rocher de 300 mètres, de couleur de chair, que l'on voit entre la base et les sommets sombres de ces pics. C'était à couper le souffle!
Le parc était aussi une réserve faunique des espèces protégées comme ces Guanacos, de la famille des Llamas, se sont habituées à la vue des hommes.
Les trois heures d'autobus, de Puerto Natales à Punta Arènes, sont vite passées car j'ai rencontré un comptable qui était une mine de renseignements sur l'économie de cette région. Entre autres, il m'a expliqué que les pâturages de la Patagonie étaient si pauvres qu'ils ne pouvaient supporter qu'une très faible densité d'animaux, mais que les "estancias" était si grandes (plusieurs milliers de kilomètres carrés), que la petite noblesse s'en sortait bien. L'un de ses clients se faisait un quart de million de dollars net par an!
Si vous examinez attentivement cette photo vous devriez pouvoir distinguer trois Nandous, de la famille de l'autruche, qui détalent.
J'ai passé plusieurs jours à Punta Arenas (pointe de sable), mais les seules photos que j'ai prises sont celles de quelques pingouins amusants près de la réserve faunique.
Bernardo O'Higgins a réclamé la Patagonie aussitôt que le Chili est devenu indépendant, mais rien de concret n'a été fait a ce sujet jusqu'en 1843 quand le président Manuel Bulnes a envoyé le schooner Ancud pour appuyer physiquement les prétentions du Chili.
Le fort Bulnes a été établi sur le rivage nord du Détroit de Magellan, sur une hauteur pour contrôler son entrée ouest. Cinq ans plus tard, la ville de Punta Arenas a été fondée à 60 km au nord, à mi-chemin au travers du détroit.
Le Chili a d'abord réclamé toute la Patagonie, mais il a fini par le partager, ainsi que l'île de la Terre de Feu, avec l'Argentine.