Le voyage de 15 heures entre Yaoundé et N'Gaoundéré a été des plus intéressants car j'ai partagé un compartiment avec l'évêque de N'Gaoundéré et un fonctionnaire hadj qui étaient non seulement tolérants envers leurs croyances respectives mais aussi envers ma position athée.
Le compartiment voisin était occupé par le Sultan de Foumban accompagné de deux de ses épouses. Cela m'a donné l'opportunité d'en apprendre quelque peu sur les monarchies traditionnelles du Cameroun et du Nigeria qui sont parfois mentionnées, mais rarement expliquées, dans les livres guides.
Vous pouvez voir comment la végétation luxuriante du sud va en s'asséchant à mesure que nous approchons de N'Gaoundéré après un voyage de nuit en train depuis Yaoundé.
Deux autres maisons modestes vues du train.
Et un petit village.
Une foule bruyante de musiciens traditionnels (griots), accompagnés par une vingtaine de notables vêtus de costumes d'aparat ont surgi de la gare comme je me préparais à y entrer après être descendu du train.
C'étaient des membres de la cour du Lamido de N'Gaoundéré et ses griots venus accueillir le Sultan de Foumban.
Voici le Sultan de Foumban sous le parasol royal jaune, précédé par un membre des forces armées du Cameroun.
Ce panorama s'ouvre sur le palais du Lamido nommé "Lamidat" et couvre 90 degrés vers la droite avant de revenir 270 degrés vers la gauche pour montrer la rue de la Grande Mosquée. Je ne pouvais pas faire un panorama de 360 degrés parce que j'étais adossé à la grande mosquée que vous verrez sur la photo suivante.
J'ai pris la photo précédente en me tenant au pied du minaret à droite. L'entrée de la mosquée est tout près en remontant la rue de la Grande Mosquée à droite.
Les sultans et les lamidos exercent un pouvoir civil local et ont la prérogative de choisir l'imam qui dirige les prières dans la mosquée de la communauté.
Ces griots sur le porche du Lamidat attendaient l'arrivée du Sultan de Foumban pour passer à l'action.
Ici, le Lamido de N'Gaoundéré vêtu de blanc accueille son visiteur le Sultan de Foumban à l'entrée du Lamidat pendant que les hauts-parleurs des griots retentissent de musique traditionnelle.
Après le hall d'entrée, le palais du Lamido est composé d'un certain nombre de cases au toit de chaume comme celle dans laquelle le groupe du Sultan pénettre maintenant.
Tout cela accompagné de la retentissante musique des griots.
Ce panorama montre une partie de la cour du Lamido de N'Gaoundéré attendant de rencontrer le Sultan visiteur. Chacun de ces notables a une fonction traditionnelle bien définie allant du chef de la garde du palais au valet du Lamido. En fait, ils ne font pas grand chose d'autre que passer le temps en bavardant à l'ombre dans le Lamidat.
Cette case est présentée aux visiteurs comme étant la case du Lamido
Et voici l'intérieur de la case du Lamido. Je ne doute pas qu'elle lui appartienne mais je soupçonne qu'un homme aussi riche que le Lamido de N'Gaoundéré viverait normalement dans un endroit mieux meublé et plus confortable. Je m'attendrais à ce que quelqu'un qui se promène dans un gros véhicule utilitaire sport de modèle récent ne se prive pas du confort moderne dans sa demeure.
Voici la liste des 18 Lamidos qui ont régné à N'Gaoundéré depuis 1830.
Non loin du Lamidat sur la rue de la Grande Mosquée se trouve cet arbre immense en face du Grand Marché.
Comme vous pouvez voir, j'ai obtenu différentes réactions lorsque j'ai demandé de prendre la photo de ces types flânant sur le mur du marché. Deux étaient indifférents, un était enchanté et le troisième m'a lancé un sombre regard de désapprobation.
À l'intérieur de l'enceinte du marché, j'ai jasé avec ce vendeur de manioc traité (le manioc cru doit être lavé en profondeur pour enlever les composés de cyanure toxiques qu'il contient).
Le manioc, également connu sous les noms de cassava, yucca, tapioca et marante brésilienne a été introduit en Afrique comme amidon alimentaire à bon marché durant la période de la traite des esclaves. Il est devenu un produit de base dans plusieurs pays tropicaux. Au Cameroun, on le mélange avec de l'eau et on le fait bouillir pour d'obtenir une masse gélatineuse nommée "foufou" que l'on mange avec des légumes verts bouillis ou que l'on enveloppe dans des feuilles pour en faire des "bâtons". C'est plutôt fade, à haute teneur calorique et pauvre en vitamines et minéraux.
Pendant que nous discutions, sa femme (ou une de ses femmes) est arrivée avec un plateau de beignets de manioc qu'elle vendait au marché.
Ils étaient sympathiques tous les deux alors j'ai pris leur photo.
Dans la partie occidentale de N'Gaoundéré de l'autre côté de la ville par rapport au Lamidat et à la Grande Mosquée, s'élève la cathédrale catholique, le domaine de l'évêque qui avait voyagé avec moi en train depuis Yaoundé.
À proximité, le Complexe Marhaba, un club de nuit populaire et le meilleur restaurant en ville.
Cette section de la rue de la Gare avait été travaillée récemment. Ici encore, cette terre de latérite rouge brillant que l'on trouve dans les régions tropicales.
Le boucher ne voulait pas que je le prenne en photo mais il ne s'est pas opposé à mon intérêt pour sa boutique.
À mi-chemin de la rue de la Gare, se trouvent la Petite Mosquée, le Petit Marché et le Stade Oumar Ndoumbe.
Deux guérisseurs (chamans), offraient des remèdes traditionnels et des amulettes au coin d'une rue tout près de la Petite Mosquée. Ici non plus le vendeur ne voulait pas être photographié (dans ses mots, "filmé").
La plupart des gens ici sont musulmans, ensuite viennent les animistes et enfin les chrétiens.
Un troupeau de moutons sur la rue principale n'attire pas l'attention à N'Gaoundéré, c'est normal.
De l'autre côté de la rue, presqu'en face de l'hôtel Al-Hilal où je logeais, se trouvait cette mosquée toute récente également nommée Grande Mosquée. Maroua plus au nord a aussi deux Grandes Mosquées.
Le Al-Hilal était bien pratique parce que l'autobus du matin pour Maroua partait de bonne heure d'une station juste à côté.