Espace, Temps,
Énergie et Matière
L'idée que le "Big Bang" est issu d'une source ponctuelle est
en train d'être remplacée maintenant par la théorie selon laquelle
l'espace, le temps, l'énergie et la matière sont brusquement apparus
à partir d'un événement d'infiniment petites, mais néanmoins
réelles dimensions. L'hypothèse de la source ponctuelle sans dimensions
est maintenant perçue comme une approximation qu'on doit abandonner car elle
conduit à des mathématiques aberrantes.
La connaissance avance à travers une série d'approximations, chacune
améliorant la précision et l'utilité de la précédente.
Par exemple, une équation simple décrivant la variation du volume d'une
quantité donnée d'un gaz avec les changements de température
et de pression peut être déduite du modèle d'un "gaz parfait"
composé de molécules idéalisée sans dimensions, mais elle
ne fournit qu'une approximation du comportement des gaz réels parce que les
molécules réelles ne sont pas des points sans dimensions. Une telle
équation idéalisée peut être utile pour prédire
la comportement des gaz à des températures et des pressions relativement
basses,mais elle échoue progressivement quand la forme et la dimension des
molécules influencent de plus en plus la compressibilité des gaz à
des pressions et températures plus élevées. Heureusement, dans
ce cas, nous pouvons mesurer les erreurs et créer des tables de facteurs de
correction applicables à divers gaz réels.
La plus grande partie de ce que nous savons sur l'univers date d'une période
relativement récente, depuis la découverte de la mécanique quantique
et des lois de la relativité restreinte et générale, au début
du 20ieme siècle. La mécanique quantique donne d'excellents résultats
dans la description du comportement de l'énergie et de la matière à
l'échelle ultra microscopique des particules fondamentales. Le relativité
générale réussi aussi à prédire comment la force
de la gravité déforme la trame de l'espace-temps au voisinage des masses
et gouverne l'univers à l'échelle gigantesque du cosmos. Malheureusement,
toutes les tentatives d'unifier les mathématiques de ces deux théories
qui fonctionnent bien, ont jusqu'à ce jour conduit à résultats
absurdes et à des contradictions qui indiquent qu'il manque quelque chose.
La mécanique quantique traite de la façon que l'énergie
existe seulement en petites unités distinctes, ou quanta, à
l'échelle ultra microscopique des blocs élémentaires
constituant l'univers, plutôt qu'en des quantités variant
continûment auxquelles nous sommes familiers avec la physique
classique. Par exemple, l'unique électron de l'atome d'hydrogène
tourne autour du noyau seulement sur certaines orbites qui correspondent
à des niveaux déterminés d'énergie. L'électron
ne peut pas occuper des orbites intermédiaires mais il peut sauter
d'une orbite à une autre, plus haute ou plus basse, en acquérant
ou en perdant un quantum d'énergie sous la forme d'un photon.
La mécanique quantique décrit comment la force électromagnétique,
la force forte et la force faible interagissent avec la matière. Le modèle
sur lequel la mécanique quantique est basée utilise le même concept
idéalisé de particules sans dimensions utilisé dans le modèle
d'un gaz parfait. Il suppose que les fermions qui composent la matière (les
électrons, les quarks et leurs associés antimatière), et les
bosons qui transmettent l'énergie (les photons, les gluons et les bosons de
jauge faible), sont des entités sans dimension qui ne diffèrent que
par leurs divers attributs tels que masse, charge et spin.
La mécanique quantique fonctionne parfaitement bien avec les trois forces
mentionnées ci-dessus, mais elle échoue avec la force de la gravité
car l'hypothèse d'entités de dimensions nulles conduit à des
absurdités comme des densités infinies, des énergies infinies
et une déformation infinie du continuum de l'espace-temps.
La science est maintenant en train de s'apercevoir que l'hypothèse de particules
fondamentales de dimensions nulles n'est qu'une approximation utile qui doit être
remplacée par une perception plus subtile de la réalité. Malheureusement,
nous ne pouvons pas, dans ce cas, mesurer les erreurs causées par l'hypothèse
simplificatrice de points sans dimensions, comme nous l'avons pu pour corriger la
différence entre gaz idéal et gaz réel. Nous devrons donc mettre
la main à la pâte pour mettre au point le formalisme mathématique
qui s'impose.
L'idée selon laquelle les particules fondamentales pourraient ne pas
être sans dimensions est apparue dès 1955, mais elle a
été écartée à cause de l'extrême
complexité des mathématiques associées. Elle a
cependant été reprise une décennie plus tard quand
il était devenu évident que cette nouvelle théorie
était le seul moyen de réconcilier la relativité
générale avec la mécanique quantique.
Selon cette théorie, les particules fondamentales sont les manifestations
de la vibration de régions extrêmèment petites de l'espace, les divers
modes de ces vibrations donnant naissance à tous les fermions et bosons
connus. Par exemple, une particule comme l'électron pourrait être
le résultat d'un certain mode de vibration d'une région unidimensionnelle
extrêmèment petite de l'espace (1.6 X 10-33 cm de long ). L'analogie avec
les divers modes de vibration possibles d'une corde de violon a donné à
ce nouveau concept son nom de la "théorie des cordes". Une telle
région en vibration pourrait avoir deux bouts comme une corde de violon,
ou être en anneau comme une bande élastique. La théorie initiale
relative aux modes de vibration d'une corde unidimensionnelle a été
étendue pour couvrir les modes de vibrations possibles d'une membrane à
deux dimensions (appelée 2-brane) ou d'un volume à trois dimensions
appelé 3-brane, et dernièrement à ceux d'une n-brane multidimensionnelle,
mais le nom imagé de théorie des cordes est resté. La théorie
des cordes a fini par postuler l'existence de six dimensions "ratatinées",
en plus des quatre dimensions "étendues" que nous connaissons,
(droite-gauche, haut-bas, devant-derrière et passé-futur), pour
permettre tous les modes de vibration requis pour donner lieu à toutes
les particules fondamentales connues.
La théorie des cordes a connu des hauts et des bas à cause de
l'énorme difficulté de mettre au point des procédures mathématiques
adéquates pour décrire les modes de vibration possibles dans un
univers de dix dimensions. Des progrès sont néanmoins réalisés
de temps en temps. En 1985 la théorie des cordes est devenue la théorie
des super cordes pour tenir compte de l'intégration du concept de la super
symétrie de la mécanique quantique. En 1996 la théorie a
eu un nouvel élan quand on a reconnu que les cinq pistes vers une solution
mathématique jusqu'alors découvertes, pouvaient être des aspects
de la même réalité plutôt que des vues contradictoires.
Aujourd'hui, des centaines de physiciens et de mathématiciens cherchent
intensément la percée qui transformera le mystère en évidence.
Le traitement mathématique de la théorie des cordes est toujours
incomplet et la théorie n'a pas encore été mise à l'épreuve
expérimentalement. Par conséquent elle n'est pas encore largement acceptée
par la communauté scientifique, mais c'est la seule théorie disponible
qui traite correctement de la gravité à l'échelle ultra microscopique.
C'est le grand espoir de la physique de développer une Théorie Du Tout
(TDT) qui ouvrira la porte à une perception plus profonde de la nature de l'univers,
et à un niveau pratique, à des inventions et des réalisations
qui appartiennent encore au domaine de la science-fiction.
Certains pensent qu'une Théorie Du Tout annoncerait la fin de la physique,
mais je pense au contraire qu'elle serait le commencement d'une nouvelle
ère, tout comme la délimitation des continents n'a été
que le commencement de l'exploration et l'exploitation des ressources
cachées de notre planète. Ce serait plutôt l'aube
d'un jour nouveau!
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