Ici, un baobab et du bétail ajoutent un peu d'intérêt à cette longue route ennuyeuse de Mopti à Bankass, environ à 10 kilomètres des Massifs de Bandiagara où les Dogons se sont réfugiés autour 1300 pour éviter d'être convertis à Islam par la force.
On peut visiter le pays Dogon à partir de Bankass, qui est sur la plaine, ou à partir de Bandiagara et Sangha, villages situés au sommet des massifs. J'ai choisi de passer par Bankass dont on voit la mosquée ici. La plupart des Dogons ont conservé leur religion ancestrale bien qu'ils aient été entourés de fervent musulmans pendant des siècles.
A mi-chemin sur la falaise on peut voir l'ancien village de Teli, un de la vingtaine d'endroits semblables où les Dogons se sont réfugiés il y a 700 ans. Quand les Dogons sont arrivés, plusieurs des sites qui pouvaient être facilement défendus étaient déjà occupés par le peuple Tellem dont on connaît peu de choses sauf qu'ils étaient d'excellents grimpeurs et de petite taille.
Avec le temps les Dogons ont commencé à construire sur la plaine et ils ont progressivement abandonné leurs premières habitations des falaises qui ne sont maintenant utilisées que pour des cérémonies comme des enterrements.
Les Dogons cultivent du mil et des légumes et élèvent un peu de bétail, mais le tourisme est en voie de devenir la source majeure de revenu pour ceux qui sont restés dans ces villages. Beaucoup sont partis pour les villes voisines d'où ils reviennent seulement comme guides accompagnant des touristes. Le chef du village de Teli a transformé sa maison en un hôtel pour loger les touristes sur ces plates-formes qui servent de lit et dans quatre ou cinq pièces. Il offre aussi des repas et des boissons y compris de la bière pour un prix fort. Presque tous les villages Dogons offrent maintenant de tels services.
Environ un Dogon sur trois est devenu Musulman et beaucoup de villages ont des Mosquées comme celle-ci.
Cette photo d'un grenier traditionnel, situé dans une enceinte contemporaine sur la plaine au lieu de dans la face de la falaise, illustre l'évolution que les Dogons ont subie et qu'ils continuent de subir.
Voici un autre exemple des anciennes et des nouvelles techniques de construction.
Finalement, voici ce que j'étais venu voir, l'habitat Dogon traditionnel construit aussi haut que possible sur le flanc des falaises de Bandiagara.
La plupart de ces structures sont des greniers et seules quelques unes peuvent être identifiées comme étant des maisons. Il semble que les Dogons ont d'abord déménagé leurs maisons sur la plaine en continuant à stocker leur grain et autres possessions en haut de la falaise pendant un certain temps, jusqu'à ce qu'ils se sentent suffisamment en sécurité pour tout déménager dans leurs villages en bas.
Celles-ci sont tous des greniers sauf la structure avec une porte, à gauche, qui est évidemment une maison
Les trois greniers dans cette photo semblent être dans un état raisonnable de conservation alors que la maison abandonnée, au centre, est en ruines. Les très petites structures plus haut sur la falaise sont des tombes du peuple Tellem qui a précédé les Dogons sur ce site.
Cette maison dans la falaise a été bien entretenue et peinte pour servir à des cérémonies rituelles Animistes.
Ces petites tombes Tellem témoignent d'une technique de construction plus primitive que celle employée par les Dogons.
Voici l'habitat actuel des Dogons. Les Dogons tiennent à leurs villages des falaises comme symboles de leur identité et de leur passé culturel, mais aussi à cause des revenus touristiques qu'ils en tirent. Cependant, ils n'y tiennent pas assez pour réparer les dégradations qui vont éventuellement faire disparaître ces précieuses reliques.
A quelques kilomètres au nord de Teli se trouve le village d'Ende, dans sa version de la falaise, et celle de la plaine. Il ressemble beaucoup à Teli dans tous les sens, sauf que Ende a un Hogon, et Teli n'en a pas. Le Hogon est un vieux sage qui a été élu pour être le chef spirituel et l'autorité civile pour un certain nombre de villages.
Dans toute société, un mécanisme efficace et accepté de résolution de conflit est essentiel à sa stabilité et sa survive.
Cette structure basse, appelée "case à palabres", est une partie de ce mécanisme pour le peuple Dogon. Quand un conflit éclate on oblige les parties concernées et leurs partisans à se rencontrer dans un tel endroit et à y rester jusqu'à ce qu'elles trouvent un accord. Naturellement l'obligation de se mettre d'accord augmente la pression sur tout le monde, les voix s'élèvent, les humeurs montent et la tentation d'en venir aux mains devient irrésistible. La "case à palabres" est construite intentionnellement basse de sorte que si quelqu'un essaie de se mettre debout il se frappera la tête contre le plafond et devra s'asseoir de nouveau.
Le rôle du chef du village ou Gina Bana, est d'organiser l'effort du travail de la communauté et de défendre ses intérêts communs. Il peut organiser une session dans la "case à palabres" mais il n'a pas plus de pouvoir sur le résultat du débat que n'importe quel autre membre de la communauté.
Le rôle d'arbitre suprême est réservé au Hogon qui est respecté par tous. Une fois élu, il maintient une distance inspirant la crainte en habitant seul dans une partie isolée de l'ancien village de la falaise où ses repas lui sont servis et des soins lui sont donnés par des vierges choisies qui ne peuvent lui rendre visite que pendant un court moment. Les pouvoirs magiques qui lui sont conférés par cet isolement sont tels que toute personne qui transgresserait ses décisions se verrait frappé d'ostracisme et expulsé de tous les villages Dogons.
L'insaisissable Hogon d'Ende peut-être vu ici. C'est la tache bleue foncée montant sur les rochers au centre de la photo. Il habite seul dans l'une des maisons, un peu plus haut à droite.
Le Féticheur ou chef des oloubarous est un autre membre important de la société Dogon. Il est censé être en communication avec les ancêtres et autres esprits et préside aux cérémonies rituelles mais il n'a aucune des responsabilités opérationnelles du chef ni l'autorité du Hogon. Il distribue des herbes médicinales et des potions magiques et jette de bons et mauvais sorts. Il fabrique et préserve les masques du village comme le Kanaga à gauche qui symbolise l'interface entre le ciel, au-dessus, et l'enfer en bas.
Voici une autre "case à palabres" mais ce n'est pas une vraie car elle a été construite spécialement pour édifier les touristes.
Construite pour les touristes ou non, elle avait de toutes façons quelques sculptures intéressantes à photographier.