Dear Bernard I will now give you my interpretation of the Argentino character. I hope to answer your questions but if you still have some please let me know for the aspects that lead to an understanding of a country' idiosyncracies are numerous and it is not allways possible to deal with all of them in only one e-mail. To understand our ways one has to go back two centuries ago to look at the specific characteristics of the first colonisers. Whereas the United States, Australia and Canada were conquered by Great Britain, a traditionally warlike country, a conqueror with imperial attitudes and a trader from its anglo-saxon and viking roots, the latino-american countries were conquered by Spain, a country with a lesser imperial tradition that, at the time of the discovery and conquest of America, had just emerged from 800 years of Arab domination following an equally long domination by Rome. At that time, the British, Dutch and Portuguese based their economy on trade of any goods (even slaves), with other countries. That was later confirmed by the different trade policies adopted by Brasil, the United States and Canada on one hand and Latin America on the other. In Brazil and the anglosaxon countries customs administrations sought to increase trade to raise more revenues and thus became promoters of commercial activities. Meanwhile, Spain and its colonies based their prosperity on the productivity of land and the state's role was limited to taxing the producers. The strategy in countries conquered by Spain was that the private sector handled trade. The role of customs and fiscal organisations was limited to collecting revenue without having to promote commerce. Paradoxially, the policies of Latino American countries were more favourable to free trade without protectionism than those of the countries that promote that system nowadays. That's why the private sector is more and more vulnerable. Trade laws of these countries are based on this policy. La situation s´est vue aggraver par le genre de conquérants que les peuples des Amériques ont dû subir. Alors que les pays de racines anglo-saxonnes furent colonisés par des immigrants qui fuyaient une persécution religieuse, les pays hispanophones furent colonisés par un ensemble de seigneurs féodaux tombés en disgrâce, d'aventuriers et même de malfaiteurs dont le monarque espagnol de l'époque voulait se débarrasser pour fortifier son économie monarchique affaiblie. Il en est résulté que les premiers colonisateurs adoptèrent un comportement de rentiers. Qu´ils fussent propriétaires fonciers, éleveurs, intermédiaires ou n´importe quoi qui leur permettait de gagner de "l´argent facile", la "réussite", c'était de vivre du travail des autres au lieu de travailler soi même. De nos jours, on retrouve encore cette façon de voir les choses en Argentine mais encore plus dans les autres pays latino-américains. En Argentine, comme je le disais donc, cela se voit dans les familles traditionnelles de Buenos Aires mais plus encore à l´intérieur du pays où survivent les petits seigneurs féodaux que sont les gouverneurs de province comme les Rodriguez Saa dans la province de San Luis, les Romero Feris dans Corrientes, les Romero dans Salta, les Saadi dans Catamarca, les Menem dans La Rioja, les Puerta dans Misiones et autres gouverneurs et politiciens mal vus de nos jours. Les immigrants qui arrivèrent de partout dans le monde trouvèrent un un grand pays où il n'y avait pas de projet national comme aux États-Unis et au Canada. Ici, il fallait suivre le projet que chaque "seigneur féodal" avait pour son fief. C'est pourquoi une fois arrivés, au lieu de voir une nation avec un objectif commun ils trouvèrent un chaos politique et par conséquent eurent plutôt tendance de maintenir leurs traditions distinctes plutôt que de les unifier. Cela eu des effets bizarres. D'une part, il n'y eu pas de racisme ni de discrimination ce qui est positif, mais d'autre part cela empêcha leur rassemblement derrière un objectif commun, exacerbant ainsi l'individualisme qui nous caractérise. À partir de la moitié du 19 ième siècle, ce chaos politique intérieur fut également constaté par les pays qui avaient soif de conquête de terres et de nouveaux marchés. Nous avons vu se dérouler sur nos territoires plusieurs batailles encore plus secrètes que celles de la guerre froide, mais pas pour autant moins effrayantes, où l'empire britannique, le tout jeune empire américain et à moindre échelle les Français et les Allemands se disputèrent de féroces batailles secrètes qui eurent de l'influence sur les peuples et sur leur désunion (bien qu'aucun d'eux ne l'ait dit publiquement car ils se connaissaient bien et cela les avantageait de cacher la vérité). L'empire britannique ouvrit le feu dans deux occasions au cours des années 1807 et 1809 avec sa tentative d'envahir Buenos Aires, alors capitale de la Vice-royauté de Rio de la Plata. Ils furent repoussés avec humiliation dans les deux cas et l'on garde encore dans les musées argentins, les drapeaux récupérés après la reddition des Anglais. Parmi d'autres cas d'intervention étrangère on peut citer la guerre entre le Paraguay et la Bolivie qui s'agissait en réalité que d'une dispute entre l'entreprise ESSO (Exxon en Amérique du Nord) et la Shell (Hollandaise- britannique) pour les puits de pétroles du Gran Chaco. Et d'autres batailles encore beaucoup plus secrètes, comme la dévastation des forêts de quebrachos (arbres que l'on trouve en Amérique du sud) de "l'impénétrable", par des entreprises britanniques pour l'extraction du tanin utilisé dans le tannage du cuir et pour la fabrication de traverses de chemin de fer. Ou bien, la United Fruit en Amérique centrale et en Équateur (dans ce cas, entreprise américaine). Ou encore, le renversement de Salvador Allende avec des capitaux de la AT&T et l'aide de la CIA, pour révoquer les contrats de monopole les nationalisations et encore bien d'autres etcetera. Les britanniques et les américains se chargèrent de fomenter des intrigues, des désunions, des pot-de-vin, bien évidemment aidés par la tradition "d'argent facile " que nos dirigeants traînaient déjà. Parmi ces dirigeants, nous devons inclure les militaires qui furent utilisés comme ingénus et /ou traîtres, à chaque fois que quelqu'un du régime démocratique essayait "d'enlever leurs mains de l'assiette", comme ce fut le cas avec les présidents Irigoyen (1930), Perón (1952), Frondizi (1963), Illia (1966), Martinez (1976). Ces facteurs (caudillisme et interventions étrangères) ont fait qu'il ne s'est pas établi dans le pays une tradition unique où l'individu mûrit comme citoyen, affirme sa personnalité comme Argentin et comme membre d'une une Nation avec un objectif commun, une politique d'état et une direction claire. Il nous reste encore beaucoup de questions en suspens dont
nous n'avons pas traité:
Nous sommes tout simplement plus désordonnés et désorganisés et nous n'avons pas encore trouvé notre voie, notre propre identité et notre destin commun. Pour parler en termes humains, je pense que comme pays, nous sommes en plein dans la période de l'adolescence où l'on souhaite que tout passe Vite Rapidement , DE SUITE !!! Nous ne savons pas si l'on va ou l'on vient ni vers où nous allons. Je pense que nous sommes en train d'apprendre et sans personne pour nous guider car ce n'est dans l'intérêt de personne que nous mûrissions plus rapidement. C'est une question de culture et d'une évolution qui peut prendre plusieurs générations avant que le pays ne trouve son chemin bien à lui. Nous avons encore à nous donner beaucoup de coups avant d'atteindre la maturité d'un peuple adulte. Mais nous le ferons! Il y a des peuples qui mûrissent plus tôt et d'autres plus tard. Ceux qui mûrissent tôt ont l'avantage de démarrer en premier avec moins de concurrence mais ceux qui, comme nous, mûrissent tard, peuvent apprendre des erreurs des autres et éviter de les commettre. Nous aurons à recevoir des coups et apprendre, notre avantage est que le jour où nous le ferons, nous serons dans un pays qui a tout le potentiel d'être un grand pays comme le sont l'Australie, le Canada, le Brésil et d'autres plus petits qui ont su bien utiliser leurs ressources comme la Suisse, la France ou le Japon. En tant qu'Argentin je souhaiterais que nous puissions arriver à ce stade le plus rapidement possible mais sans perdre certaines valeurs qui nous sont propres comme la paix, l'égalité sans discrimination et le respect des autres peuples tout en conservant la Famille et la Foi comme les principaux piliers de notre société "de façon argentine". Pas comme ce qui est arrivé à d'autres peuples qui ont sacrifié ces vertus pour réussir en tant que société. Mon attitude n'est ni simpliste ni "d'envoyer la balle" aux générations futures. Ceux d'entre nous qui nous rendons compte de cette situation, avons le devoir de faire que les choses évoluent plus vite et de démontrer à ceux qui ne l'ont pas encore vu, qu'il faut apprendre, mûrir et avancer plus vite, mais nous ne pouvons pas non plus rompre les règles naturelles de l'évolution. Nous pouvons seulement aider à accélérer le processus et nous devons le faire ici, en Argentine et pas dans un autre pays depuis le confort de son fauteuil. Lic. David A. Ausfet
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