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Impressions des Caraïbes

 

 

L'histoire de la région des Caraïbes se lit comme celle d'un terrain ouvert où les étrangers venaient jouer leurs petites parties. Les Espagnols la découvrirent au 15e siècle, ils exterminèrent la majorité des indigènes et les remplacèrent par des esclaves pour cultiver la canne à sucre au 16e. Au 17e, l'intrusion dans ce qui était devenu une mer espagnole par des pirates européens qui avaient les galions comme proies fut suivie par l'arrivée de colons britanniques et français avides d'une pointe de la tarte au sucre. La région aurait aussi pu être comparée à un jeu d'échecs sur lequel les différentes îles étaient seulement des pions et pièces dans la partie qui s'est jouée entre les Espagnols, les Britanniques et les Français pour contrôler l'industrie du sucre jusqu'à ce que le développement de la betterave à sucre en Europe et la dispersion de champs de canne dans d'autres parties du monde ne privent les Caraïbes de leur position stratégique au 19e siècle.

Les planteurs blancs devinrent riches mais ils avaient vraiment très peu à dire au sujet de l'avenir des îles car les vraies décisions à propos du commerce étaient prises en Espagne, en Angleterre et en France. Lorsqu'elles étaient assez riches, les familles de blancs retournaient vivre noblement en Europe bien loin de leur passé teinté d'esclavage..

Ensuite, les États-Unis commencèrent à manifester de l'intérêt pour leurs voisins du sud, se découvrant une "évidente destinée" à devenir aussi un pouvoir impérial, tout comme les "vieux pays". L'explosion accidentelle de la soute à munitions du cuirassé américain "Maine" dans le port de La Havane (voir National Geographic Fév.1998), tomba à point pour fournir justification à l'Amérique montante de s'en prendre à l'Espagne décadente pour récolter ses colonies des Caraïbes et prendre les Philippines par la même occasion. Cuba fut libéré sous réserves de l'amendement Platt et éventuellement confié aux soins de pantins dictateurs, d'abord Machado, ensuite Batista, suivant une stratégie américaine favorite appliquée en République Dominicaine avec Trujillo, au Nicaragua avec Somosa, au Chili avec Pinochet, aux Philippines avec Marcos et ailleurs.

Dans les années '60, plusieurs îles devinrent formellement des pays démocratiques indépendants, comme c'était de mise à cette époque. En réalité, comme le réalisèrent bientôt les nouveaux gouvernements, ce n'était qu'une illusion parce que les vraies décisions concernant l'avenir des îles étaient encore prises ailleurs, par les compagnies transnationales qui contrôlaient leur économie, maintenant principalement aux États-Unis. La liberté de pensée et de comportement que l'on n'avait pas réussi d'empêcher à Cuba ne devait pas être tolérée; de là les nombreuses interventions américaines (secrètes des agents de la CIA, économiques tel l'embargo sur Cuba, ou militaires comme les dernières à Grenada et au Panama)

Au-delà de ce destin commun d'être restées assujettis à des forces extérieures, ce qui m'a le plus frappé à propos des îles Caraïbes c'est leur grande similitude en-dessous des différences superficielles dues aux influences de la prédominance anglaise, française ou hollandaise.


Le tourisme corrompt

Le roi sucre a maintenant été remplacé par le roi touriste. Les îles Caraïbes sont parmi les endroits les plus intensément touristiques au monde. Beaucoup trop, selon moi. Il n'y a aucun doute qu'un développement modéré du tourisme soit bénéfique. Il crée des emplois, injecte des devises fortes dans l'économie et expose la population locale à de nouvelles idées. Je suis moi-même très touriste mais je pense qu'il y a un niveau critique au-dessus duquel une plus grande expansion de cette industrie cause des dommages à long terme.

J'admets mes préjugés personnels contre ces villes ou centres de vacances intensément touristiques comme Cairns, Cancun, Durban, Kuta, Mar de Plata, Punta del Este, Surfer's Paradise, Torremolinos et Viña del Mar pour ne nommer que celles sur lesquelles j'ai déjà écrit sur ce site web. Je n'aime pas ces endroits parce que je n'y apprends rien et parce que les habitants qui m'y sourient sont intéressés seulement à mon argent et non à me connaître. Il y a des gens que ça ne dérange pas tant qu'on leur sourie et qu'on leur montre un semblant de respect mais moi, je voyage pour rencontrer des gens et essayer de les comprendre et j'ai constaté qu'il y a peu de véritable contact possible avec les manipulateurs de touristes. Ils en ont vu tellement comme moi qu'un touriste de plus n'est qu'un numéro, à passer au travers du système pour gagner sa vie comme du poisson sur la chaîne d'une usine de mise en boîtes de conserve.

Les dommages à long terme évoqués ci-dessus n'affectent pas seulement l'attrait de ces endroits pour des voyageurs comme moi mais aussi leur structure sociale et économique. J'ai remarqué que les bénéfices économiques à court terme découlant de l'afflux du plus grand nombre possible de visiteurs dans endroit bien desservi, sont souvent contrebalancés par une augmentation de la délinquance, de la prostitution et de la corruption lorsque le tourisme devient la principale activité économique de la région.

J'ai été particulièrement impressionné par la situation de certaines îles où le nombre annuel de visiteurs est de dix fois supérieur au nombre de résidents permanents et où il n'y a pratiquement aucune autre activité économique. Ceci m'amena à imaginer un Indice de Saturation Touristique (IST) qui tient compte du rapport des touristes aux résidents et de celui des revenus du tourisme au produit intérieur brut (PIB). Heureusement, une recherche sur l'internet m'a fourni des statistiques sur les arrivées de touristes et les revenus du tourisme publiées par l'Organisation Mondiale du Tourisme pour plus de 200 pays. En les combinant avec des données sur la population et les statistiques de PIB provenant des Nations Unies cela m'a permis de classer les résultats dans un ordre décroissant de mon Indice de Saturation Touristique (IST).

L a première position sur le podium est allée aux Îles Vierges Britanniques. Elles ont été visitées par quatorze touristes pour chaque habitant et les revenus du tourisme ont représenté 80 % de leur PIB en 1998! La seconde place est allée aux îles Turks et Caïcos et la troisième aux îles Caïman. La région des Caraïbes a obtenu non seulement les trois plus hautes positions mais aussi 13 des 20 premières places comme vous pouvez le voir sur le tableau où 200 pays sont classés en ordre d'indices décroissants. Les îles Caraïbes et les pays avoisinants sont marqués d'un point afin de mieux les reconnaître.

 


Dans l'ensemble,

Mon impression générale est celle d'un terrain de jeu pour des nord américains et des européens industrieux qui ont besoin d'un répit de leur routine habituelle sans toutefois se priver de leur confort usuel et surtout, sans être exposés à quoique ce soit qui puisse les conduire à remettre en cause les valeurs auxquelles ils tiennent mais ne pensent jamais. Des îles magnifiques, de belles plages, un soleil chaud pendant tout l'hiver et des hôtels convenables mais pas grand-chose d'autre.

 

 

 

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